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626.

Nicolas Pouzzoles, errant de kebab en kebab, traversa la ville. En cette période de Noël, on y rencontre ravis, perdus, bossus et un tas d’autre gens multicolores, nez rouges ou bonnets scintillants. Deux sortes de passants : les pères noël ou les enfants punis. Y-a-t-il encore des crèches ? On en parle, mais elles ne sont pas dans les églises. Ou si peu. Nicolas s’y verrait bien en roi mage. Ou, comme il le disait tout à l’heure, comme conseiller du roi Hérode, un de ceux d’avant le massacre. Il faudrait le raconter. Mais le garçon file, il n’attend pas. A peine une frite ou deux au passage.

Quel bordel que ce monde ! Et ces imbéciles qui courent les magasins. Que de paquets et de rubans ! L’argent ne se partage pas. Il s’échange. Et à la vitesse grand V. Donc il y en a. Dans la ville, illuminées et brillantes, toutes les vitrines se valent. Leur air aimable est celui des filles d’autrefois. Quand elles promettaient et se promenaient nues. Sous les guirlandes, à l’entrée des boutiques, les boutiquières (ou boutiquiers) prennent des allures de mères maquerelles. Elles guettent le client et soupèsent, œil exercé, la taille du portemonnaie. Chaque magasin se double d’un lupanar. Oui, Nicolas file. A peine s’arrête-t-il devant Basic Shoes (16 rue Ganterie) où il constate que, même soldées, il n’a pas les moyens d’acheter cette paire de Air Jordan Retro (taille 41) à 95 euros. Elles en valaient 130 il y a une semaine.

Mais dites-moi, votre Nicolas est loin d’être un stoïcien comme vous l’écriviez. Le cher garçon se campe bel et bien dans son monde, qui plus est pieds chaussés avec confort. Il a beau jeu de fréquenter les trop vilains endroits, il le fait avec une élégance de dandy. Vous nous parliez de François Villon ? Mais c’est Charles Baudelaire. Il se taille la part du lion. Toujours et encore. Rien n’est perdu, hormis le bavardage.

Autre explication : la frustration. Enfant, le garçonnet Pouzolles eut-il la désillusion d’un soulier mal garni voire vide ? Ou si pas vide, du moins « pas si rempli que ça » ou alors rempli avec des succédanés ? Chacun le sait, on ne s’en relève jamais. Ou mal. Notre vie est un rideau rapiécé. Il laisse passer la lumière du dehors. Faut-il s’y attarder ? Pas trop. De toute façon, il est trop tard. La sentence, entendue maintes fois, vaut pour nombre de situations et de personnages. Et pour les soldes.

Mais abrégeons. La quête de Nicolas touche à sa fin. Franchi le seuil du 8, à côté, il retrouvera Charly et ses balivernes. Qu’il n’a jamais cherché, notons-le, qu’avec d’autres idées que celle d’un rendez-vous dont aucun des deux n’avaient convenu. Idée en l’air. Ces deux-là, on le verra, ne se quittent jamais. Ils se cherchent pour mieux se retrouver. Et s’imaginer qu’ils auraient pu se perdre. Etc. Le jeu des deux et de tant d’autres. Ils n’aimeraient pas qu’on dise qu’il s’agit là de marivaudage. Pensez, ça les ficherait mal.

Nicolas Pouzzoles, errant de kebab en kebab, traversa la ville. En cette période de Noël, on y rencontre ravis, perdus, bossus et un tas d’autre gens multicolores, nez rouges ou bonnets scintillants. Deux sortes de passants : les pères noël ou les enfants punis. Y-a-t-il encore des crèches ? On en parle, mais elles ne sont pas dans les églises. Ou si peu. Nicolas s’y verrait bien en roi mage. Ou, comme il le disait tout à l’heure, comme conseiller du roi Hérode, un de ceux d’avant le massacre. Il faudrait le raconter. Mais le garçon file, il n’attend pas. A peine une frite ou deux au passage.

Quel bordel que ce monde ! Et ces imbéciles qui courent les magasins. Que de paquets et de rubans ! L’argent ne se partage pas. Il s’échange. Et à la vitesse grand V. Donc il y en a. Dans la ville, illuminées et brillantes, toutes les vitrines se valent. Leur air aimable est celui des filles d’autrefois. Quand elles promettaient et se promenaient nues. Sous les guirlandes, à l’entrée des boutiques, les boutiquières (ou boutiquiers) prennent des allures de mères maquerelles. Elles guettent le client et soupèsent, œil exercé, la taille du portemonnaie. Chaque magasin se double d’un lupanar. Oui, Nicolas file. A peine s’arrête-t-il devant Basic Shoes (16 rue Ganterie) où il constate que, même soldées, il n’a pas les moyens d’acheter cette paire de Air Jordan Retro (taille 41) à 95 euros. Elles en valaient 130 il y a une semaine.

Mais dites-moi, votre Nicolas est loin d’être un stoïcien comme vous l’écriviez. Le cher garçon se campe bel et bien dans son monde, qui plus est pieds chaussés avec confort. Il a beau jeu de fréquenter les trop vilains endroits, il le fait avec une élégance de dandy. Vous nous parliez de François Villon ? Mais c’est Charles Baudelaire. Il se taille la part du lion. Toujours et encore. Rien n’est perdu, hormis le bavardage.

Autre explication : la frustration. Enfant, le garçonnet Pouzolles eut-il la désillusion d’un soulier mal garni voire vide ? Ou si pas vide, du moins « pas si rempli que ça » ou alors rempli avec des succédanés ? Chacun le sait, on ne s’en relève jamais. Ou mal. Notre vie est un rideau rapiécé. Il laisse passer la lumière du dehors. Faut-il s’y attarder ? Pas trop. De toute façon, il est trop tard. La sentence, entendue maintes fois, vaut pour nombre de situations et de personnages. Et pour les soldes.

Mais abrégeons. La quête de Nicolas touche à sa fin. Franchi le seuil du 8, à côté, il retrouvera Charly et ses balivernes. Qu’il n’a jamais cherché, notons-le, qu’avec d’autres idées que celle d’un rendez-vous dont aucun des deux n’avaient convenu. Idée en l’air. Ces deux-là, on le verra, ne se quittent jamais. Ils se cherchent pour mieux se retrouver. Et s’imaginer qu’ils auraient pu se perdre. Etc. Le jeu des deux et de tant d’autres. Ils n’aimeraient pas qu’on dise qu’il s’agit là de marivaudage. Pensez, ça les ficherait mal.