La salle comble du Rive Gauche vient de faire un triomphe ce mardi 17 novembre à Philippe Torreton. Avec « Mec ! », le comédien a partagé avec 600 spectateurs son amour pour les textes du poète et chanteur normand Allain Leprest. Après deux rappels, il remonte sur scène et commence la lecture d’un texte terriblement émouvant…
» LA HAINE
C’est une contagion acide qui coule dans mes veines,
ronge et brûle mon cœur en pulsations malsaines,
La Haine
Panthère enragée de l’ignorance malsaine qui dégaine ses griffes sur les faibles, c’est la marraine des tueries et de la manipulation, elle germe dans les veines de l’intolérance et du doute,
La Haine
Maladie malsaine qui dégaine ses chaînes et fait de mon cœur une benne pleine de peines, c’est le gène d’un cancer explosant dans mes veines comme un attentat,
La Haine
C’est le cri d’un cœur fou, le venin de la peine, c’est la déchirure malsaine de l’âme, et les haches de la mort amplifient les cris de peine
La Haine
C’est autant de dangers qu’un crocodile enragé, tapi dans l’ombre de l’intolérance et ses mâchoires se referment sur l’espoir.
Le cœur couvert d’écailles, cuirassé d’une armure de haine, embusqué dans les ténèbres, il attend de frapper dans le dos des gens innocents,
C’est la Haine
C’est un attentat, une tuerie, un aveuglement, un feu de rage, une chienne déchaînée dans l’arène de l’ignorance
La Haine
Un fusil aveuglant, une épine de cactus qui perce mon cœur et brûle mon bon sens à petit feu, son cri déchire le corps comme un poison de folie,
Une arme de kamikaze enragé, déchiré, détruit et détesté en morceaux dans une benne de violence,
La Haine
C’est un monstre qui plonge mon cœur dans un bain d’acide, une malsaine maladie qui perce mes veines comme une aiguille emplie de rancœur,
C’est un tueur haineux comme le piquant des ronces, la colère malsaine qui mord le kamikaze en folie détestant la race humaine
La Haine
Un envoûtement de l’âme aveuglée et manipulée comme un monstre dangereux et venimeux, vénéneux poison qui ronge le cœur de violence,
Du sang, des morts, de la terreur et tout ce bataclan de hurlements et de douleur, et désolée, la France en berne
La Haine.
C’est l’oxymore de l’Amour, le poison haineux qui sommeille en nous, qui nous détruit de l’intérieur, nous manipule et nous aveugle
La Haine. »
Ce texte a été rédigé collectivement par les élèves de 4e du collège Jean-Texcier de Grand-Quevilly dont un certain nombre se trouvait dans la salle du Rive Gauche au moment de la lecture. « La venue de Philippe Torreton dans notre collège est à l’origine du projet, précise Christine Chaumartin, professeur de lettres classiques. Nous devions travailler sur l’expression des sentiments, sur le modèle d’un poème d’Allain Leprest « La Colère ». Lorsque nous nous sommes retrouvés en cours le lundi 16, il nous a semblé évident, aux élèves, à M. Basset, professeur documentaliste, et à moi-même que le sentiment qu’il fallait dénoncer après les attentats du vendredi précédent était la haine. Voilà pour la genèse de ce texte, que nous avons donné le mardi 17 à Philippe Torreton lorsqu’il est venu rencontrer les élèves dans l’après-midi, et qu’il a eu l’extrême gentillesse de lire à la fin de son spectacle. Les élèves sont très touchés de la belle aventure de leur travail. »
Pour illustrer cet article, une photo des élèves du collège Maximilien-Robespierre, qui ont tenu eux aussi lundi 16 à répondre à la haine par un geste de paix.
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