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Tous les articles par Saint Etienne du Rouvray - 3. page

  • Rénovation: la bibliothèque Louis-Aragon fermée jusqu’au 23 février

    Des travaux de désamiantage et de réfection de la toiture de la bibliothèque municipale Louis-Aragon sont en cours. Ils entraînent la fermeture de l’équipement jusqu’au 23 février.
    La bibliothèque municipale Louis-Aragon
    commence sa cure de jouvence. La première phase a débuté le 18 janvier par la dépose des 373 mètres carrés d’ardoises fibrociment de la toiture et de ses 308 mètres carrés de laine de verre.
    L’opération vise, d’une part, à désamianter la toiture, et, d’autre part, à préparer les futurs travaux du programme d’isolation thermique, de rénovation et des réaménagements intérieur et extérieur de l’équipement, dont l’investissement total s’élève à 591000€ hors taxe, et qui s’étalera entre l’automne prochain et février 2017 (lire « Le Stéphanais n°211 »).
    Cette première phase de désamiantage est rendue nécessaire par la nature même du matériau des ardoises artificielles de la toiture. Sous le vocable « fibrociment » se cache en effet un mélange de ciment et de fibres d’amiante, dont la fabrication est interdite en France depuis 1997 et dont l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) indique qu’elles sont « la deuxième cause de maladies professionnelles et la première source en termes de coût ».
    Les risques liés aux ardoises fibrociment restent néanmoins limités aux opérations où le matériau peut produire de la poussière, comme lors d’une démolition, « la dépose de ces ardoises de type non friable ne va émettre que très peu de poussières, rassure Denis Deprez, un responsable de la société spécialisée CIME, en charge de la réfection de la toiture. Mais c’est la réglementation et nous l’appliquons de la manière la plus stricte. »
    La procédure réglementaire habituelle liée aux travaux de désamiantage implique notamment la pose d’une bâche étanche en polyane sur le dernier niveau de l’échafaudage, afin d’éviter la dispersion des éventuelles poussières. Les travaux de dépose des ardoises fibrociment ont duré quatre jours. La toiture sera ensuite refaite en zinc.

     
  • Entrée des artistes au Chevalet noir

    Un collectif d’artistes baptisé Chevalet noir installe son atelier au 16 rue Léon-Gambetta. Illustrateurs, musiciens, photographes, maquilleuses… ils ont choisi de pratiquer leur art en toute transparence. Jeannine Noël avait rendez-vous chez son kinésithérapeute, à deux pas de là. En découvrant les dessins et les livres dans la vitrine de l’atelier du Chevalet noir, elle s’est arrêtée… forcément. En deux secondes, la décision est prise de l’inviter à se joindre à l’entretien organisé par la rédaction du Stéphanais entre les artistes et les commerçants de la rue Léon-Gambetta.
    « C’est vraiment de la curiosité, lance Jeannine. Ici autrefois, ça a longtemps été un horloger et puis c’est resté fermé longtemps. C’est bien qu’il se passe quelque chose. Est-ce que vous allez faire des tableaux ? » Maxime Kowalczyk, l’un des fondateurs du collectif avec Marie Roullet, prend le temps d’expliquer sa démarche. « En fait, c’est à la fois un lieu de travail pour les artistes mais c’est aussi un lieu d’exposition et puis on l’espère un espace qui pourra accueillir des ateliers pour les adultes, les personnes âgées. On souhaite aussi contacter les écoles et les collèges. »
    Marie Bénard, pharmacienne et titulaire de l’officine sise au 6 avenue Olivier Goubert confirme, « il y a beaucoup de passage dans la rue, des jeunes et des moins jeunes. Le fait que les gens puissent vous voir travailler, c’est une bonne chose. Ça va certainement favoriser vos rapports avec le public ».
    À l’unisson, Caroline Panadero, propriétaire du magasin Le Salon-La boutique Mounès, situé de l’autre côté de la rue renchérit: « C’est vrai que ça fait rêver. Quand je m’ennuierai le midi, je jetterai un coup d’œil par la fenêtre pour vous regarder en pleine création. »
    Et pourquoi pas un atelier sur le temps du midi alors? « Ce serait plus agréable que de rester seule face à son assiette », confirme Marie Bénard. Maxime Kowalczyk y avait bien pensé. « Parmi tous nos projets, il y a un café associatif. Ce qu’on ne veut pas en tout cas, c’est rester à attendre que les gens viennent nous voir. On veut aller vers eux et les inviter à créer avec nous. »
    Caroline Panadero en est convaincue, le Chevalet noir n’a pas fini de voir passer du monde. « Les gens du quartier sont fiers de voir des artistes s’installer dans cette rue. Ils ont l’impression qu’on s’occupe d’eux, qu’on ne les fuit pas. Ils se sentent moins isolés. »
    Mais pourquoi Saint-Étienne-du-Rouvray? « C’est vrai que le premier réflexe pour des collectifs comme le nôtre, c’est d’aller dans le centre-ville de Rouen, admet Maxime Kowalczyk, mais à Rouen, les gens tracent. Là-bas, nous serions juste un atelier parmi d’autres. Tandis qu’ici, le public est curieux, bienveillant. Ils nous accueillent avec envie. Du coup, nous avons l’impression de pouvoir ajouter une dimension sociale à notre projet en favorisant les liens entre les habitants et la création artistique ».

     
  • Arts martiaux: combats et démonstrations les 30 et 31 janvier

    Chacun pourra profiter de la compétition organisée par l’Acsec les 30 et 31 janvier à l’Insa. Wushu: un mot, unique, concentre toutes les tendances des arts martiaux chinois.
    Pour embrasser d’un seul regard et en l’espace de deux jours seulement l’éventail complet de ces nuances, l’Association culturelle et sportive euro-chinoise (Acsec) organise une compétition qualificative pour les coupes de France et les championnats de France. Et le plateau promet d’être relevé avec une trentaine de clubs venus de Bretagne, de Normandie, de Picardie et de Flandre Artois.
    En entrée et pour le spectacle, les démonstrations de danse de lion ne manqueront pas de mettre de l’ambiance. Tout aussi esthétiques et physiques, les enchaînements codifiés, baptisés tao lu, permettront aux concurrents de se distinguer à mains nues ou à grand renfort d’armes aussi variées que le sabre, l’épée, le bâton, la lance, la chaîne ou l’éventail. « Les spécialistes apprécieront les subtiles différences qui distinguent les versions traditionnelles et modernes de cet art ancestral », précise Michèle Houssin, secrétaire de l’Acsec.
    Dans la catégorie des combats, il est question de quingda et de sanda, selon que l’on marque à la touche ou que l’on recherche le KO. Dans tous les cas, les chances de médailles pour le club stéphanais sont plurielles. Il faudra compter avec Guy Duval, Laurent Joly et le jeune prodige Hugo Soloy, tous trois distingués par des médailles d’or lors des championnats de France de mars 2015. Fort de ses 140 licenciés dans les disciplines du taï-chi, du kung-fu et du qigong, l’Acsec fait aujourd’hui partie de l’élite nationale. « Une reconnaissance qui nous permettra d’organiser les championnats internationaux de qigong la première semaine d’octobre 2016 », insiste Michèle Houssin.
    • Qualification zone nord-ouest, samedi 30 de 13h à 19h30 et dimanche 31 de 9h30 à 18h30, gymnase de l’Insa, 160 avenue Galilée. Entrée: 3€ pour les adultes, gratuit pour les – 16 ans. Freddy Paillard: 06.88.21.06.27.

     
  • Bio… mais pas seulement

    Fabriquer sain et respecter l’humain, c’est l’engagement du traiteur Seine saveur bio, aux fourneaux depuis un an grâce au modèle de la Société coopérative et participative (Scop).

    C’est le mariage du bio et du social. Ou comment la tartiflette normande et le risotto de poulet coco-curry ont réussi à se construire non seulement loin des pesticides mais aussi très loin du profit à tous crins. « L’exploitation de l’homme par l’homme, on est arrivé au bout de ce modèle-là, sourit Denis Martin, le chef cuisinier. Il faut remettre de l’humain dans l’entreprise… » Il est l’un des trois associés-fondateurs de la Scop Seine saveur bio basée rue Ernest-Renan. Denis Martin, Damien Gonel et Nicolas Cauvin ont lancé leur projet il y a tout juste un an, partant de l’idée qu’une meilleure répartition des richesses créées par l’entreprise serait le plus sûr et équitable moyen de la faire perdurer. « C’est un peu utopiste, reconnaît Denis Martin, mais on ne perd pas de vue que nous avons une obligation de résultat. »
    Dans une Scop, même si le profit n’est pas l’objectif principal, l’argent demeure un carburant. D’autant plus lorsque l’entreprise s’est fixé une mission d’insertion. La Scop a ainsi embauché, sur les neuf salariés qu’elle compte, trois personnes en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI), une manière pour elle de leur « remettre le pied à l’étrier, explique le chef, mais on ne voudrait pas s’arrêter là ». L’objectif, ajoute son associé Nicolas Cauvin, reste bel et bien de « redonner confiance à long terme » à des personnes très éloignées de l’emploi et, pourquoi pas, de leur donner envie de « dupliquer le modèle ou encore de devenir associé.
    En devenant associé, le salarié de la Scop détient une voix lors du vote des grandes décisions de l’entreprise ou de l’élection du dirigeant. L’associé participe en outre au partage des dividendes. « Dans une Scop, précise Nicolas Cauvin, le partage des profits est équitable, même les non-associés sont intéressés. »
    « Devenir responsable, ce n’est que du positif », se réjouit Pascal Mathian, cuisinier, qui espère devenir bientôt associé. Pascal, ancien pâtissier-boulanger, a dû quitter son métier à regret à cause d’une allergie à la farine. « Travailler dans une Scop, c’est motivant », dit-il, lui qui n’envisageait pas de faire autre chose qu’un métier de bouche.
    Un engagement social que le côté bio de la Scop (les conditionnements sont consignés et recyclables) rend d’autant plus « écoresponsable », quand on sait que la France est le premier consommateur de pesticides en Europe.

     
  • Sang pour sang… utile

    L’établissement français du sang sera présent à Saint-Étienne-du-Rouvray pour une collecte le 22 janvier après-midi. Bien avant que la fusion de la Haute et de la Basse-Normandie ne soit entérinée, l’établissement français du sang avait déjà développé son réseau à l’échelle de la grande région. « Une manière de mettre en œuvre une meilleure synergie entre nos postes fixes et nos collectes mobiles, précise France Costentin, médecin responsable du prélèvement. Nous organisons pas moins de deux à trois collectes par jour au sein des communes, des campus comme celui du Madrillet mais aussi des entreprises. »
    De 18 à 70 ans, tout le monde peut donner, une fois passé le cap de l’entretien avec le médecin qui prend en compte tous les critères d’exposition au risque depuis le détartrage jusqu’au tatouage en passant par des voyages à l’étranger. « La France est un des pays les plus rigoureux en la matière. Nous prônons avant tout une relation de confiance entre le donneur, le médecin et bien sûr le receveur. Suite aux attentats du 13 novembre, de nombreuses personnes ont souhaité donner leur sang. Mais les globules rouges ont une durée de vie de seulement 42 jours. Notre objectif est de lisser les dons tout au long de l’année et de mobiliser des donneurs en particulier maintenant au mois de janvier », insiste France Costentin. Car si le don de sang est toujours bien vu, dans les faits il ne concerne que 4% de la population française. Nicolas Germain-Tantré a passé le cap, il y a deux ans. « C’était sur mon lieu de travail. J’ai découvert que c’était simple et sans douleur. 45 minutes de mon temps pour sauver des vies, c’est le message que j’essaye de faire passer autour de moi, y compris auprès de mes enfants. Ma femme s’y est mise aussi. » Comme le confirme France Costentin, « les donneurs sont les meilleurs ambassadeurs ».
    Sur les points de collectes mobiles, il n’est question que du sang mais sur les postes fixes et notamment à Rouen, près du quartier Saint-Sever, il est possible de donner aussi son plasma et ses plaquettes voire sa moelle osseuse en adhérant au réseau des « veilleurs de vie ».
    • L’EFS sera présent à Saint-Étienne-du-Rouvray, le 22 janvier de 15h à 18h30 place de l’Église et le 25 janvier à l’Insa. L’EFS est installé 20 place Henri-Gadeau-de-Kerville à Rouen.

     
  • École Joliot-Curie: deux classes supplémentaires à la maternelle

    La reprise des cours ce 4 janvier a eu comme un goût de deuxième rentrée scolaire pour les élèves de deux classes de grande section de maternelle. À l’étroit depuis plusieurs années, la maternelle Joliot-Curie s’est vue pousser une nouvelle aile pour accueillir ses 200 enfants. Les élèves qui avaient pris place au sein de l’élémentaire Joliot-Curie 2 ont emménagé dans deux salles très fonctionnelles et d’une grande clarté, à proximité d’un nouveau bloc sanitaire.
    À quelques jours de Noël, des représentants de parents d’élèves, le directeur de l’école, des représentants de l’inspection académique, des services municipaux et le maire se sont retrouvés pour faire le point sur ce gros chantier dont le coût de construction s’élève à un peu plus de 800000€ et celui d’équipement en mobilier et outils multimédias à plus de 12000€.
    Aux parents qui regrettaient le temps d’attente entre la réception de ces travaux et la demande d’extension, le maire a répondu: « C’est une question de budget. Aujourd’hui, tous les groupes scolaires de la Ville mériteraient des investissements conséquents, pour accueillir des enfants toujours plus nombreux, pour rénover et agrandir les locaux, les selfs… »
    Au printemps, ce sera au tour des espaces verts, côté école élémentaire d’être refaits, ainsi que la clôture de la rue Charles-Nicolle.

     
  • Accord de Paris: militants déçus

    L’accord de Paris prévoit de contenir le réchauffement climatique «nettement en-dessous de 2°C» mais il ne dit rien des énergies fossiles, grandes responsables des gaz à effet de serre… Les mots «pétrole», «gaz» ou «charbon» sont les grands absents du texte. Leur combustion émet pourtant 80% du CO2 mondial, un gaz à effet de serre (GES) lourdement responsable du réchauffement climatique. «Cela nous inquiète, explique Dominique Cellier, membre de Coalition climat 21, un regroupement de 130 organisations de la société civile, car nous savons qu’il faudrait laisser sous terre 80% des énergies fossiles pour parvenir à cet objectif des 2°C».
    L’accord de Paris ne semble d’ailleurs pas lui-même convaincu par ses propres dispositions. Dès la page 4, en effet, le texte pointe sa propre contradiction interne, notant que les estimations d’émissions de GES prévues pour 2025 et 2030 «ne sont pas compatibles avec des scénarios au moindre coût prévoyant une hausse de la température de 2°C».
    Outre les aspects contradictoires, le représentant stéphanais de Coalition climat pointe également l’ambiguïté du texte. Quand ce dernier évoque la nécessité d’arriver à un solde zéro d’émission de GES, il fait référence à la notion de «puits de gaz à effet de serre», un terme flou qui, selon Dominique Cellier, «ouvre la voie à n’importe quoi». Car si ces «puits» peuvent désigner les forêts ou les océans, ils peuvent tout autant dissimuler «des méthodes de captation et de stockage de CO2 ou celles de la géo-ingénierie [lire Le Stéphanais n°211]».
    Un des points jugés comme fondamentaux par les citoyens, et peu convaincant dans l’accord, est également celui du «fonds vert» de 100 milliards de dollars que les pays riches sont censés abonder chaque année pour aider les plus pauvres à s’adapter et à lutter contre le réchauffement. «On est loin du compte, l’accord ne stipule pas comment et par qui ce fonds sera alimenté, ni sous quelles modalités cet argent sera distribué, sous forme de don, d’emprunt, par des organisations privées?». De là à imaginer que la lutte contre les effets du dérèglement climatique pourrait remplir encore un peu plus les poches du 1% de la population mondiale déjà en possession de plus de la moitié des richesses de la planète… «On ne se faisait pas beaucoup d’illusions, conclut Dominique Cellier, mais cet accord pourra peut-être devenir un point d’appui pour mettre les pays au pied du mur». En attendant, il faudra attendre 2020, date de son entrée en vigueur, voire 2025, date de sa révision, pour voir si l’accord porte ses fruits. «Dix ans de retard», regrette-t-on chez les militants.

    Jeudi 21 janvier 2016 à 20 heures une conférence sur l’accord de Paris se tiendra salle Micheline-Ostermeyer, 11 avenue Pasteur à Rouen, en présence de Juliette Rousseau, porte-parole et coordinatrice de Coalition climat 21.

    Photo: Malgré l’interdiction de manifester, les citoyens et militants de la lutte contre le réchauffement climatique ont marché dans les rues de Rouen le 28 novembre, veille de l’ouverture de la Cop 21. Après l’accord de Paris du 12 décembre, ils restent mobilisés et dénoncent un texte qui «nous emmène à +3°C». (photo: Jérôme Lallier)

     
  • Suivez le guide

    Ils étaient près de 3 700 Stéphanais(e)s, âgés de plus de 65 ans, invités à venir retirer leurs colis de Noël, les 15 et 16 décembre à la salle festive. Celles et ceux qui ont fait le déplacement ont alors pu découvrir la première édition du guide senior réalisé par la Ville. «Cet outil d’information est destiné aussi bien aux personnes âgées qu’à leurs proches», précise Anne-Claire Charlet, responsable adjointe en charge des solidarités, «l’objectif est d’apporter des réponses pratiques sur des thèmes aussi divers que le maintien à domicile, l’hébergement, la vie sociale, la santé, les transports et les foyers restaurants. L’essentiel est que chacun soit en mesure de connaître ses droits et de les faire valoir.» Un guide qui aide à se poser les bonnes questions pour se tourner vers les bons interlocuteurs le moment venu et qui renvoie aussi bien vers le guichet unique de la Ville que vers les services du Clic (Centre local d’information et de coordination), du Ssiad (Service de soins infirmiers à domicile) et vers des partenaires comme l’AAFP (Association de l’aide familiale populaire). «À l’heure des restrictions budgétaires, la Ville confirme sa volonté de maintenir la qualité de ses prestations en particulier pour les seniors les plus défavorisés», insiste Anne-Claire Charlet. Au chapitre des nouveautés annoncée dans le guide senior, la mise en place d’une tarification solidaire pour le portage de repas à domicile et pour l’accès aux foyers restaurants à partir de septembre 2016.

    Infos : Le guide senior est disponible gratuitement dans les accueils municipaux.

     
  • Solidaires sans frontières

    Au pied de la tour Calypso, l’association village pilote Normandie mobilise toutes les générations avec l’ambition d’aider les jeunes en difficulté, ici et ailleurs. Depuis novembre 2014, l’antenne régionale de l’association Village pilote est installée à Saint-Étienne-du-Rouvray. À partir du plateau du Madrillet, un réseau de bénévoles œuvrent pour améliorer à la fois la situation des enfants en difficulté en Afrique de l’ouest mais aussi dans tous les quartiers de la ville. « Notre objectif est de favoriser la réinsertion sociale et familiale des enfants des rues au Sénégal, au Mali ou encore en Guinée », explique Bintou Dianessy, la responsable de l’association, « mais sans oublier les jeunes stéphanais qui partagent parfois les mêmes problèmes. » Concrètement, à l’échelle locale, l’association propose notamment des aides pour la recherche d’emplois et de stages et pour lutter contre le décrochage scolaire. « Nous travaillons déjà avec l’Aspic et nous espérons développer des partenariats avec les centres socioculturels et les écoles pour favoriser l’ouverture culturelle », insiste Bintou Dianessy.
    Pour réaliser ses objectifs, Village pilote normandie sait qu’elle peut compter sur la participation de celles et ceux qui savent ce que le mot solidarité veut dire. Moussa Sidibé, étudiant en Droit et Tidiane Kane, étudiant en BTS, ont connu l’Aspic et les centre socioculturels dès l’âge de 6 ans avec l’aide aux devoirs, les sorties culturelles, les départs en vacances. Aujourd’hui, à respectivement 19 et 18 ans, ils ont choisi de donner de leur temps pour les autres. « Nous avons rejoint l’association pour aider ceux qui sont dans le besoin, près de nous mais aussi au Sénégal où nous avons une partie de notre famille. Pour nous c’est un juste retour des choses. Nous sommes là pour collecter des vêtements, organiser des événements pour sensibiliser la population. On essaye juste de redonner un peu de ce qu’on a reçu », explique Moussa Sidibe. Et c’est bien là une autre ambition de l’association, « sensibiliser les jeunes à s’engager et à s’impliquer sur leur territoire » précise Bintou Dianessy, « parce que l’estime de soi passe souvent par les autres. »

    Infos : Association village pilote normandie. Tour Calypso- Saint-Étienne-du-Rouvray – 06 41 33 66 52

     
  • Foot US et coutumes…

    Quand le football américain se décline au féminin, les Léopards se transforment en Félines. Tout aussi impressionnantes et non moins féroces, les joueuses se font les griffes sur le champ de courses. Qui aurait pu songer que la frontière entre la France et les États-Unis fût aussi ténue ? À deux pas, du stade de football Robert Diochon, l’équipe féminine rouennaise de football américain a élu domicile sur le champ de courses, pour ses entrainements. Les Félines, puisque c’est ainsi qu’elles se nomment, sont là par tous les temps, ultra-motivées et sur-équipées. Rien ne manque, casque, épaulière, plastron…d’authentiques guerrières. « C’est vrai qu’avec toutes ses protections, on a parfois l’impression d’être sur-puissantes », confie Émilie Henry, une des joueuses. L’équipe n’existe que depuis quelques mois mais la cohésion du groupe est déjà bien établie. « Pour cette première année, il s’agit d’abord d’enseigner les fondamentaux : plaquer, attraper, bloquer, lancer, se déplacer… Nous passons beaucoup de temps sur l’acquisition du bon geste et de la bonne posture. Le gabarit compte bien sûr mais nous faisons en sorte que chacune joue en attaque et en défense », souligne le coach, James Thomas.
    Pour les filles, âgées au minimum de 17 ans, le leitmotiv en termes de motivation à rejoindre ce groupe c’est « la nouveauté, plus de physique, plus de contact. ». Sportives pour la plupart, les Félines reconnaissent qu’elles éprouvent enfin le plaisir de flirter avec leurs limites. «  On finit les entraînements complètement vidées avec l’impression d’avoir été au bout de ce qu’on pouvait donner. On joue avec l’adrénaline », raconte une des benjamines, Agathe Breton. Pour autant, Valentine Leblond qui assure le poste clef de quarter back, souligne aussi l’importance du collectif et de la stratégie dans ce sport. « Chaque détail compte, dans les combinaisons, les enchaînements. » Même si le football américain, lointain cousin du rugby, reste un jeu de gagne-terrain et de collision, c’est toujours la tactique qui fait la différence. Une manière notamment de valoriser l’agilité et la vitesse des plus fluettes en apparence et qui ne sont pas forcément les plus fragiles. Pour le reste, les filles et les garçons jouent suivant les mêmes règles dont les finesses s’acquièrent avec le temps. Seul le ballon est un peu plus petit. « Soumis aux même stress, les filles doivent encaisser des efforts explosifs et répétés. Les séquences de jeu excédant rarement dix secondes », explique James Thomas. En attendant de goûter prochainement à la compétition, les Félines ne manqueront pas dans les mois à venir d’affûter encore un peu leurs crocs et leurs griffes.

    Infos : Pour rejoindre les Félines, contactez le coach James Thomas au 06 28 05 49 46.

     
  • Courrier: de mal en pis

    La distribution du courrier continue de se dégrader sur la commune. Les facteurs ont adressé une lettre ouverte à leur directeur régional. Ils dénoncent leurs conditions de travail. Les facteurs stéphanais et osséliens n’ont de cesse de dénoncer leurs conditions de travail depuis qu’ils ont été regroupés en juillet sur la plateforme industrielle courrier (PIC) du Madrillet. Le 3 novembre, ils ont une fois encore manifesté leur malaise en adressant une lettre ouverte au directeur régional du service courrier et colis (DSCC).
    Ce document fait part de « manquements graves à [leur] dignité ». Selon les facteurs, des « dysfonctionnements » dans la distribution du courrier et « la dégradation du service rendu au public » résulteraient de la « réorganisation bâclée » dont ils s’estiment victimes.
    Sur le seul mois de novembre, six tournées n’ont pas été effectuées sur la commune. Selon nos sources (CGT), ces non-distributions seraient dues au non-remplacement de facteurs en décharge syndicale* ou encore aux « cadences infernales » et au « refus de payer les heures supplémentaires ou de mettre des salariés en renforts ».
    Plusieurs Stéphanais et Osséliens confirment ces dysfonctionnements. Un usager demeurant rue de la République à Saint-Étienne-du-Rouvray exprime sa « colère » devant ces « coups de canif répétés » au service dû au public. Plusieurs autres indiquent ne pas recevoir tous les jours leur abonnement à un journal quotidien. « Il n’y a pas une semaine sans un incident », déplore un habitant de la rue Pierre-Fleury. Un habitant d’Oissel (rue du Général-de-Gaulle) a écrit au médiateur de la Poste pour se plaindre des mêmes problèmes. Le médiateur a réorienté l’usager vers l’instance Recours de Libourne, laquelle a répondu, le 27 novembre, qu’elle était « intervenue » auprès du directeur de la plate-forme stéphanaise. Sollicité par la rédaction, ce dernier n’a pas souhaité s’exprimer.
    * Exercice d’un mandat syndical sur son temps de travail.

     
  • Eurêka… j’ai appris

    Et si l’expérience du monde et des autres constituait le socle d’une pédagogie nouvelle dans les écoles, les collèges et les lycées? Élèves, enseignants et chercheurs apportent leurs réponses et leurs témoignages… sans démagogie. La curiosité, la créativité, la sensibilité et la coopération ont-elles droit de cité dans les méthodes d’apprentissage pratiquées à l’école? Les réponses apportées par les élèves stéphanais impliqués dans des projets pédagogiques innovants mettent en évidence la pertinence de ces initiatives un peu « décalées ». « Oui, le travail en autonomie est plus créatif », affirme Dina qui participe à la construction d’une serre écologique au collège Maximilien-Robespierre. « Oui, en ayant été animateur, je comprends plus les choses qu’avant », explique Aloïs qui, avec des camarades de cinquième du collège Pablo-Picasso, a pris en charge des débats sur la puberté et l’hygiène face à des élèves de sixième. « Oui, ça permet de travailler avec une personne qu’on a choisie », et puis « c’est aussi pour le plaisir », précisent Noa et Erwann, deux camarades du collègeLouise-Michel qui ont décidé avec quelques autres de relever le pari de construire un pont avec 500 grammes de spaghettis.
    Sur la base de ces témoignages, il ne semble plus permis de douter que les initiatives qui mobilisent d’autres méthodes d’apprentissage et d’autres contenus pédagogiques séduisent les élèves tout en les instruisant.
    Pour Jean-Marc Lange, professeur à l’École supérieure du professorat et de l’éducation (Espe) de Rouen, il s’agit de défendre un modèle participatif où « le rôle de l’enseignant est d’être le moteur et le porteur » mais pas forcément toujours celui du prescripteur « car il n’est pas expert sur tous les sujets et n’a pas vocation à l’être ». Cette pédagogie de projet autorise donc le professeur à découvrir les choses en même temps que ses propres élèves.
    Finie alors l’école sanctuaire où l’élève peut craindre le couperet de la sanction dès lors qu’il prend la parole pour soumettre ses propres idées ou confronter ses propres expériences à celles de l’enseignant.
    Au-delà de la méthode, les témoignages recueillis démontrent aussi que les savoirs peuvent se croiser sans s’annuler. « Le français a sa place lorsqu’il faut préparer une présentation argumentée d’un pont en spaghettis », rappelle Denis Duménil, professeur de technologie au collège Louise-Michel. L’art du jardinage devient « une matière incontournable pour installer une serre écologique », insiste Oussama Ouali, professeur de technologie au collège Maximilien-Robespierre. Au final, Jean-Marc Lange rappelle que, derrière les enjeux éducatifs, il y a « les principes mêmes de la démocratie qui sont à l’œuvre » dans ces pédagogies innovantes lorsqu’elles misent sur la délibération et des pratiques sociales.

    • Les trois expériences pédagogiques conduites dans les collèges Maximilien- Robespierre, Pablo-Picasso et Louise-Michel ont donné lieu à des reportages réalisés par la Ville et qui ont été diffusés lors de la troisième édition des Assises de l’éducation les 5 et 6 novembre 2015. Ces sujets vidéos sont visibles sur le site de la Ville.

     
  • Régionales: « un des moins bons scores de la gauche rassemblée à l’échelle de la ville »

    À l’heure où le maire Hubert Wulfranc prend la parole ce dimanche soir, les résultats aux régionales sont encore très incertains (finalement c’est la droite qui prend la tête de la nouvelle région Normandie). Il tient cependant à tirer quelques enseignements de cet entre-deux tours des élections régionales. “Avec 4545 voix et 52,13 % pour la liste de Nicolas Mayer-Rossignol, j’observe que le rassemblement ne s’est pas totalement effectué sur cette liste. Il s’agit là d’un des moins bons scores de la gauche rassemblée à l’échelle de la ville. La droite républicaine double son score et le FN maintient son pourcentage.”
    Ce rapide constat effectué, le maire a bien sûr salué l’élection de son premier adjoint Joachim Moyse. “Cette voix au sein du Front de gauche va compter car une grande incertitude persiste parmi les électeurs de gauche. Les élus Front de gauche se feront fort de défendre une politique anti-libérale à l’échelle de la Région. Tu as un rôle important”, a souligné Hubert Wulfranc en passant la parole au nouveau conseiller régional stéphanais.
    Après avoir remercié les électeurs, Joachim Moyse s’est dit « satisfait que les 80000 électeurs qui ont porté leurs suffrages sur la liste de Sébastien Jumel au premier tour puissent retrouver des élus du Front de gauche à la Région.” Il a ensuite insisté sur les trois points qu’il entendait bien défendre au sein de la nouvelle assemblée : la voix des salariés, le combat contre toutes les formes de politiques libérales et la lutte contre les idées fascistes ! » Joachim Moyse a ensuite tenu a salué tout particulièrement, la conseillère régionale sortante, Michèle Ernis présente dans la salle du conseil.

    En bref…
    9095 Stéphanais ont participé au scrutin ce dimanche 13 décembre 2015 sur les 16800 inscrits, soit une participation de 54,14%, en progression de près de 10 points par rapport à dimanche dernier. La liste emmenée par Nicola Mayer-Rossignol arrive en tête avec 52,13% de voix, suivie de la liste Front national de Nicolas Bay avec 27,43% et en 3e position la liste conduite par Hervé Morin avec 20,44%.

     
  • Entreprise: santé, au travail!

    Les citoyens prennent conscience de la nécessité d’agir pour leur santé avant qu’elle ne se dégrade. Des employeurs peinent à leur emboîter le pas, pointant souvent l’hygiène de vie des salariés plutôt que les conditions de travail.
    Le travail a des effets déterminants sur la santé. Même si le temps consacré à l’activité professionnelle tend à diminuer, sa dimension psychologique déborde du cadre de l’entreprise. Surtout lorsque ses conditions d’exercice sont dégradées. « Le travail est la face cachée de la société, déplore Jean-Baptiste Hervé, expert auprès des Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Quand une entreprise parle de santé, elle n’interroge pas le travail mais l’hygiène de vie des salariés, comme si cela ne relevait que de leur seule responsabilité. »
    Cette manière d’envisager les questions relatives à la santé conduirait les encadrants au déni. « Si la santé était réellement prise en compte dans l’organisation du travail, cela obligerait les encadrants à se poser des questions dont ils estiment ne pas avoir les solutions, ajoute l’expert. Ils n’ont pas les outils pour penser ces questions, ce n’est pas dans leur culture. »
    Un point de vue que dément Patrick Moron, directeur de l’Adesti, l’une des associations interentreprises de santé au travail. Pour ce dernier, s’il existe des employeurs peu soucieux de la santé de leurs salariés – « une minorité », dit-il –, les difficultés viendraient plutôt d’une « crise de recrutement » des médecins du travail. « S’il fallait appliquer la loi, il faudrait déployer 30 millions de visites médicales par an, or, précise-t-il, nous ne sommes en capacité que de 10 millions. »
    La santé au travail dépasse toutefois la seule visite médicale, reconnaît ledirecteur de l’Adesti, même si ce dernier n’hésite pas à pointer, à l’inverse de l’expert des CHSCT, la responsabilité, voire la mauvaise foi, des salariés. « Les risques psychosociaux sont instrumentalisés par certains salariés qui se la coulent douce », affirme-t-il, accusant les avocats de profiter du défaut de visite médicale pour obtenir des réparations. S’il peut y avoir des abus d’un côté comme de l’autre, la réalité de la santé au travail n’enlève cependant rien à cette réalité: les mots santé et travail n’ont pas encore su trouver le bon accord…

     
  • Le savoir-faire, de mains en mains

    Tous les samedis après-midi, les artisans de l’association L’outil en main transmettent bénévolement leur savoir à des jeunes âgés de 9 à 14 ans qui découvrent ainsi les métiers du bois et du métal.

    Les mains en disent parfois plus long qu’un discours. Il suffit de regarder celles d’Alain Lefebvre, l’ancien ébéniste, et de Jean-Pierre Delaune, l’ancien chaudronnier, pour prendre aussitôt la mesure de l’expérience et du savoir concentrés entre ces doigts. À côté, les petites mains de Vincent, Nicolas, Kalvin et Adrien, âgés de 10 à 14 ans, semblent bien fragiles et pourtant elles œuvrent avec dextérité et concentration. « On n’est pas à l’école ici. On ne fait pas de théorie. C’est l’apprentissage par la pratique », lance Alain Lefebvre, responsable de l’association L’outil en main en Seine-Maritime.
    Aussi simple soit l’ouvrage, il s’agit toujours de montrer le geste juste. Quand Nicolas s’applique à inscrire un décor floral dans une planche de bois avec une gouge et un maillet, Kalvin s’initie à l’art de découper une plaque de cuivre. Et quand il arrive que la main dévie un peu, au risque que l’outil heurte un doigt, la réflexion tombe à chaque fois, définitive mais toujours avec bienveillance: « C’est le métier qui rentre. » Les artisans qui s’engagent à transmettre leur savoir à des jeunes misent avant tout sur l’échange à force d’encouragements. « Les enfants découvrent avec nous qu’on n’a rien sans difficulté et sans patience », explique Alain Lefebvre.
    À chacun selon ses aspirations et ses motivations. Nicolas, 10 ans, a décidé tout seul de venir à ces ateliers. « J’avais juste envie de travailler le bois, par plaisir. » Pour Vincent, 14 ans, la perspective d’avenir est plus claire. « J’ai envie d’être forgeron et de faire mon apprentissage chez les Compagnons. J’y pense depuis déjà plusieurs années. » Déterminé, Vincent ne laisserait sa place à personne dès lors qu’il peut manier le marteau et le bédane pour faire plier le métal à ses désirs. « L’objectif principal, c’est de stimuler la créativité des enfants », précise Jean-Pierre Delaune. « Et, pour cela, nous faisons aussi en sorte qu’ils travaillent toutes les matières pour prendre conscience de toutes les possibilités qui s’offrent à eux. » Un cadre photo, un pied de lampe, un casse-tête, tout y passe…
    Au final, les travaux réalisés peuvent parfois servir de carte de visite pour intégrer des formations prestigieuses. « Récemment, un garçon et une fille qui sont passés par cet atelier ont été repérés par les Compagnons du devoir de Mont-Saint-Aignan et ils ont pu dans la foulée accéder à un cursus en menuiserie », raconte Alain Lefebvre qui aime également à rappeler que « travailler avec ses mains reste d’abord une leçon de modestie ».
    • Les ateliers ont lieu tous les samedis de 14h30 à 16h30 durant les périodes scolaires, salle Camille-Claudel, espace des Vaillons, 267 rue de Paris. Contact: 02.32.10.35.66 ou alain.lefebvre@orange.fr

     
  • Conseil municipal : investissements à la clé

    Le dernier conseil municipal de l’année, jeudi 3 décembre, a été marqué par le vote du budget primitif 2016 et l’annonce de nouveaux investissements dans les domaines de l’éducation, de la culture et du sport. Avant l’ouverture de séance, la représentante élue des parents d’élève du conservatoire de musique et de danse, Natalia Rocchetti, a lu une déclaration dénonçant «les importantes dégradations des conditions de travail des professeurs et des élèves».
    Cette déclaration fait suite à la grève de 18 des 33 enseignants de musique (lire notre article) les 1er et 2 décembre. Les groupes politiques «Saint-Étienne Vraiment à gauche», «Socialistes et républicains» et «Droits de cité, mouvement ensemble» ont approuvé cette déclaration, chacun faisant état de ses inquiétudes au sujet du climat social régnant au conservatoire.
    Le maire, Hubert Wulfranc, a pris acte du malaise. Il a longuement répondu en assurant que les «différentes parties» seront consultées et que les «décisions nécessaires» seront prises par l’administration.
    Le vote du budget a été l’occasion pour le 1er adjoint, Joachim Moyse, de rappeler que «suite aux attentats», la nécessité de conforter les services publics était plus que jamais d’actualité. «La République doit être confortée partout sur l’ensemble de ses territoires, a-t-il dit, en cela les services publics locaux ont un rôle majeur».
    Le 1er adjoint a rappelé la baisse de «850 000 euros» des dotations de l’État qui grève cette année encore le budget municipal. Face à cette réalité, il a rejeté l’option qui consisterait à baisser les investissements de la commune ou à baisser le niveau et la qualité des services publics, concluant que le «levier fiscal local» restait de ce fait le dernier recours. Les taux d’imposition locaux seront donc relevés de +2,8% en 2016.
    Le budget a été voté à l’unanimité, moins deux abstentions du groupe «Saint-Étienne Vraiment à gauche».
    Côté investissements, la conseil a voté plusieurs délibérations relatives à des programmes de rénovation, de modernisation, d’extension et de construction d’équipements. Il s’agit de la rénovation et de la mise aux normes de la zone de restauration de l’école Louis-Pergaud ainsi que des accueils de loisirs péri et extra-scolaires de cette école; de la réalisation d’un terrain de football et de rénovation et extension des vestiaires au stade Célestin-Dubois; de la restructuration de la bibliothèque Louis-Aragon; et de la modernisation et de la mise en conformité de l’hydraulicité, de modernisation et d’installation d’une chaufferie biomasse à la piscine municipale Marcel-Porzou.
    «Ce sont des investissements lourds, a indiqué le maire, mais qui n’entraînent pas de charges de fonctionnement supplémentaires.» Aucune création de poste ni de charges n’est donc assujettie à ces investissements éducatifs, culturels et sportifs. «On ne va pas dans le mur, a encore rassuré Hubert Wulfranc, je dis qu’on gèle les dépenses de fonctionnement, on ne les baisse pas mais on ne les augmente pas». Exceptions faites toutefois, a ajouté le maire, aux dépenses des secteurs de l’enfance, de la scolarité et de la restauration scolaire, mécaniquement liés à la dynamique démographique de la commune. Le maire a enfin rappelé que ces investissements étaient possibles grâce à des financements de l’État, de la Métropole et du Département, la Ville étant «140e des 250 communes les plus pauvres de France».
    Le vote de la délibération relative au versement d’une subvention à l’école privée Jeanne-d’Arc a fait l’objet d’un débat au sein du conseil et de la majorité. Quatorze élus ont voté contre (et une abstention), dénonçant notamment la loi Debré (1959) qui contraint les collectivités locales à participer au financement des écoles privées sous contrat. Pascal Langlois, au nom du groupe Ensemble, a rappelé ce qu’il nomme une «dérive», «l’école privée est de plus en plus subventionnée, de plus en plus reconnue et, par contre, toujours confessionnelle», faisant référence à la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État et aux valeurs de la laïcité, «les écoles privées touchent de l’argent public alors qu’elles ne sont pas soumises aux mêmes obligations que l’école laïque, elles ne sont pas soumises à la carte scolaire et aux rythmes scolaires et elles n’ont pas l’obligation d’accueil de tous les élèves». Le maire a répondu que cette subvention était une obligation de la loi et a néanmoins reconnu que ces observations étaient «légitimes».
    En conclusion du conseil, le maire a appelé les élus et citoyens qui le souhaitent à venir à la soirée-débat citoyenne et interconfessionnelle (rassemblant les quatre grandes religions) qui aura lieu à la salle festive lundi 7 décembre à 18 heures, à l’initiative du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie.

     
  • Les doigts d’or d’Elsa Triolet

    La collection stéphanaise de bijoux créés par Elsa Triolet dans les années 1930 est exposée au musée d’Évreux. Ils sont un témoignage de la France de l’entre-deux-guerres. Inaugurée samedi 14 novembre, l’exposition « De neige et de rêve » a été douloureusement marquée par les attentats meurtriers perpétrés la veille à Saint-Denis et à Paris. Les maires d’Évreux, Guy Lefrand, et de Saint-Étienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc, n’ont pas prononcé de discours et ont laissé place à une minute de silence en mémoire des victimes.
    Cette exposition marque néanmoins l’aboutissement d’un travail scientifique de longue haleine. La conservatrice du musée ébroïcien, Florence Calame-Levert, est la dernière en date à avoir travaillé sur cet ensemble de 47 bijoux conçus et réalisés par Elsa Triolet au début des années 1930, alors que l’écrivaine et son compagnon Louis Aragon cherchaient des moyens de subsistance. Ce dernier ayant notamment joué le rôle de représentant auprès des maisons de haute couture parisiennes. « Aragon allait faire l’article avec sa valise, explique la conservatrice et auteure du catalogue* de l’exposition, on imagine les mots du poète. »
    Pour Florence Calame-Levert, les créations d’Elsa Triolet ont une valeur autre que celle de leur seule et réelle qualité stylistique. Outre que la créatrice utilisait des matériaux peu onéreux comme des cotillons, du papier mâché, du métal ou de la bakélite, ses bijoux sont surtout « des objets poétiques », selon Florence Calame Levert. S’ils préfigurent l’entrée d’Elsa Triolet dans les lettres françaises, ils constituent aussi, des mots mêmes de l’artiste, une étude ethnographique de la France. « Elsa écrit encore en russe, elle témoigne que, des arrière-cours sordides du Sentier où elle achète ses matériaux aux hôtels particuliers des haut-couturiers, ces bijoux sont révélateurs de la société française. » Poétiques et ethnographiques, « ces joyaux faits de rien sous tes doigts orpailleurs », écrivait Aragon, sont également à découvrir sur le site de la Ville.
    • « De neige et de rêve, les bijoux d’Elsa Triolet », musée d’Évreux, jusqu’au 14 février 2016.
    * Catalogue raisonné de la collection aux éditions du Chêne, 192 pages, 29,90€.

     
  • Grève au Conservatoire

    Mardi 1er et mercredi 2 décembre, 18 des 33 professeurs de musique du conservatoire de musique et de danse étaient en grève, sous l’égide de leurs syndicats, le Snea-Unsa et le Snam-CGT. Les enseignants grévistes et leurs représentants syndicaux dénoncent «la mise en danger du Conservatoire», «la souffrance au travail» et «l’élitisme» dont ils estiment leur enseignement et les usagers, enfants et adultes, victimes.
    Le directeur du conservatoire, Joachim Leroux, réfute l’ensemble des points dénoncés par les grévistes et impute ce mouvement social à une manière de «surfer sur une anxiété présente au niveau national relative au financement des conservatoires», crainte infondée sur la commune, selon lui, puisque la Ville consacre à la structure un budget annuel de 1,1 million d’euros.
    Les grévistes déplorent la chute des effectifs d’élèves, mettant en balance les 670 inscrits de 2010 et les 518 au 1er octobre dernier, «et encore, la chute a été amortie par l’ouverture de la Chad» [classe à horaires aménagés danse, ndlr].
    «C’est dû au déroulement normal du cursus des élèves, dit le directeur, beaucoup s’en vont à la fin du premier cycle». L’objectif est de «recruter un nombre suffisant d’enfants pour contrebalancer les fins de cycle». «On ne demande que ça: avoir plus d’enfants dans les cursus, assurent les professeurs, mais il ne faut pas leur faire peur en leur imposant des cadres trop rigides».
    Joachim Leroux pointe également les 37% d’adultes du conservatoire stéphanais quand les structures similaires n’en compteraient que 20% à l’échelle nationale.
    Selon les grévistes, la baisse du nombre d’adultes met en péril les orchestres et la capacité de la structure municipale à se représenter dans des manifestations diverses.
    Sur le volet de la «souffrance au travail», les grévistes et la direction se rejettent également la balle. Les premiers parlent de «pressions psychologiques», de «surveillance suspicieuse et [de] déresponsabilisation». Le directeur évoque lui aussi «un harcèlement moral» contre sa personne.

    Photo : Sophie Bogatay

     
  • Grève au Conservatoire

    Mardi 1er et mercredi 2 décembre, 18 des 33 professeurs de musique du conservatoire de musique et de danse sont en grève, sous l’égide de leurs syndicats, le Snea-Unsa et le Snam-CGT. Les enseignants grévistes et leurs représentants syndicaux dénoncent «la mise en danger du Conservatoire», «la souffrance au travail», «l’élitisme» et «la surenchère» dont ils estiment leur enseignement et les usagers, enfants et adultes, victimes.
    Le directeur du conservatoire, Joachim Leroux, réfute l’ensemble des points dénoncés par les grévistes et impute ce mouvement social à une manière de «surfer sur une anxiété présente au niveau national relative au financement des conservatoires», crainte infondée sur la commune, selon lui, puisque la Ville consacre à la structure un budget annuel de 1,1 million d’euros, soit «davantage que pour le Rive Gauche».
    Les grévistes déplorent en premier lieu des «effectifs [d’élèves] en chute libre», mettant en balance les 670 inscrits de 2010 et les 518 au 1er octobre dernier, «et encore, la chute a été amortie par l’ouverture de la Chad [classe à horaires aménagés danse, ndlr] mais dans deux ans, disent-ils, il n’y aura plus d’ouverture de Chad et les adultes échoueront sans doute aux examens, ce qui accélérera la chute des effectifs».
    «C’est dû au déroulement normal du cursus des élèves, dit le directeur, beaucoup s’en vont à la fin du premier cycle». Joachim Leroux annonce toutefois une poursuite de la baisse des effectifs, «sauf si on arrive à recruter un nombre suffisant d’enfants pour contrebalancer les fins de cycle, c’est ce qu’on essaie de faire à travers le projet de Ville qui réaffirme la place centrale des enfants dans les cursus du conservatoire».
    L’un des autres points de désaccord entre grévistes et direction repose sur l’interprétation du projet de Ville. Ce document prévoit de favoriser l’inscription des enfants. Joachim Leroux pointe à cet effet les 37% d’adultes du conservatoire stéphanais quand les structures similaires n’en compteraient que 20% à l’échelle nationale.
    Les grévistes se revendiquent eux aussi du projet de Ville, même si la baisse du nombre d’adultes met en péril, selon eux, les orchestres et la capacité de la structure municipale à se représenter dans des manifestations diverses: «On ne demande que ça: avoir plus d’enfants dans les cursus, assurent-ils, mais il ne faut pas leur faire peur en leur imposant des cadres trop rigides». Ces derniers déplorant «un retour aux conservatoires des années 1980».
    Sur le volet de la «souffrance au travail», les grévistes et la direction se rejettent également la balle. Les premiers parlent de «pressions psychologiques», de «surveillance suspicieuse et [de] déresponsabilisation» ou encore de «dévalorisation et dénigrement des enseignants». «Si les effectifs baissent, ajoutent-ils, on nous en rend responsables et nous disant que nous sommes de mauvais profs».
    Le directeur, visiblement marqué, évoque quant à lui une lettre anonyme remise aux élus «il y a deux ou trois ans», ainsi qu’une couronne mortuaire déposée dans les locaux du conservatoire, «c’est moi qui subis un harcèlement moral, dit-il, tout cela n’est que de la diffamation, je ne comprends pas de quoi il s’agit». Joachim Leroux affirme néanmoins rester «ouvert au dialogue sur des bases saines. En ce qui me concerne, les objectifs éducatifs de la collectivité ne sont pas remis en cause».
    Photo : Sophie Bogatay

     
  • Livre de jeunesse: un festival… durable

    Le Festival de Rouen du livre de jeunesse sort la tête de l’eau malgré une baisse de ses subventions. Il ne s’avoue pas vaincu et cherche sa place dans la grande Normandie. Ce n’était pas prémédité mais cette 33e édition sera cette année placée sous la thématique de la citoyenneté et du développement durable, confie Jean-Maurice Robert, le cofondateur du festival. « Lorsque nous avons fait ce choix, nous ne savions pas encore qu’il y aurait au même moment la Cop 21 à Paris, reconnaît-il. C’était après les attentats de janvier, on s’est demandé ce qu’on avait raté pour que des individus n’aient rien d’autre que des kalachnikovs pour s’exprimer. Les attentats du 13 novembre nous invitent à être encore plus autour de la culture. »
    Plus que jamais convaincue que le rapport à l’autre « ça se travaille par le livre et la lecture », l’équipe du festival n’a pas baissé les bras, malgré un nouveau coup dur pour ses finances. « Le Département de l’Eure nous a retiré 15000€ de subvention, alors que nous menions un gros travail sur son territoire. » Une perte sèche d’un peu plus de 5% du budget (280000€) pour cette manifestation qui se bat depuis son origine contre l’illettrisme. Si le changement de site en 2013 a contribué à faire mincir la facture de 65000€ de location d’un chapiteau sur les quais gauche de Rouen à un « prix d’ami » de 6000€ pour la location de la halle aux Toiles, le festival est maintenant confronté à un autre changement. Et celui-ci de la taille de la grande Normandie qui devrait commencer à se dessiner le dimanche de clôture du festival, date du premier tour du scrutin. « La grosse Normandie nous inquiète, concède Jean-Maurice Robert, mais ça nous booste aussi pour trouver des solutions. Nous allons rencontrer l’équipe du festival de Cherbourg. » Un rapprochement qui se donne d’ores et déjà pour condition de garder l’aspect « festif » du festival sans verser dans le « salon », jugé trop commercial… « Nous n’avons rien à proposer, sourit Jean-Maurice, nous avons à bâtir des choses ensemble pour satisfaire aux besoins qui se font sentir sur le terrain. »
    • Festival de Rouen du livre de jeunesse, halle aux Toiles, 4, 5 et 6 décembre. Droits d’entrée: 2,50€ (billet valable toute la durée du festival), gratuit pour les moins de 18 ans, possesseurs de la Carte Région, demandeurs d’emploi, familles nombreuses, étudiants.

     
  • La violence, mots pour maux

    Les enfants subissent les conséquences des violences faites à leur mère au sein de la famille. Plus ils sont jeunes, plus les conséquences sont profondes. Même lorsqu’ils ne sont pas directement maltraités.

    « Avant 6 ans, l’enfant s’imprègne de tout, surtout Lorsqu’on a l’impression qu’il ne comprend pas. » Magali Kermel est assistante sociale. Elle travaille à l’hôtel de police de Rouen et reçoit les femmes en situation d’urgence, victimes d’un conjoint violent. « Même les bébés en subissent les effets, dit-elle. Ils ne comprennent pas les mots mais ressentent tout de manière physique. » Pour l’assistante sociale, les effets deviennent même dévastateurs, « si on n’en parle pas ».
    Pourtant, peu de ces mères portent plainte. Y compris après une intervention de la police. Selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, elles ne seraient que 16% à le faire. Sans ce passage par la loi, il reste toutefois difficile de sortir de la violence, car, comme l’affirme Magali Kermel, « quand c’est arrivé une fois, c’est susceptible de recommencer », et, ajoute-t-elle, même si les violences physiques s’arrêtent, « ce sont les violences psychologiques qui redoublent ».
    Les conséquences sur les enfants sont durables. Au mieux, ces derniers s’en retrouvent « parentalisés [NDLR: ils assument le rôle de parent] », explique Nathalie Lecordier, directrice du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF). « Parfois dès 3 ou 4 ans, ils dorment habillés pour être prêts à aider leur maman. » Au pire, ils succombent aux coups. Selon le même Observatoire, en 2014, « 35 enfants sont décédés des suites de ces violences au sein du couple ».
    Ce faible taux de plaintes ne traduit toutefois pas une forme d’irresponsabilité des femmes victimes de violences conjugales. Nathalie Lecordier compare l’emprise que subissent ces femmes à une dépendance à l’alcool, « il faut plusieurs cures, jusqu’à 8 ou 10 départs pour que la femme s’en délivre ».
    Si la reconnaissance du traumatisme fait partie du processus de reconstruction, il faut toujours en passer, à un moment ou à un autre, par la parole. Mettre des mots sur l’indicible est une étape clef. Les entretiens qui ont lieu au Pavif (Pôle d’accueil départemental violences intra-familiales) ont alors une vertu essentielle, sortir de l’isolement des femmes qui vivent depuis parfois longtemps avec un sentiment de culpabilité et de honte. « C’est une démarche qui n’est pas simple. Il y a de la souffrance et de la peur aussi », précise Catherine Douyère, éducatrice de jeunes enfants au Pavif. « Beaucoup de rendez-vous ne sont pas honorés. Les femmes viennent nous voir en cachette. Et quelles que soient les conditions, ce n’est jamais lors du premier entretien que la question des enfants est abordée. »
    Et pourtant, les enfants sont souvent déterminants pour la prise de décision de la mère. Soit ils la poussent à se protéger, soit c’est la mère qui s’autorise à parler pour protéger ses enfants. Dans tous les cas, il faudra encore laisser passer du temps avant d’entendre l’enfant à part alors que la mère culpabilise souvent de ne pas avoir su le protéger. « Les enfants ont leur propre représentation de ce qu’ils vivent, parfois en décalage par rapport au ressenti de la mère. Ils ne souhaitent pas forcément rompre les liens avec leur père », explique Claire Dubost, éducatrice jeunes enfants au CAUCD et au Pavif. Le plus important au départ est de permettre à la mère et à l’enfant de retrouver leur place, même au sein d’une cellule familiale restreinte. Certains enfants témoins de la violence conjugale font preuve d’une maturité rassurante pour la mère mais qui ne constitue pas pour autant un remède durable. Sur le moyen et le long termes, en fin de processus de reconstruction, il s’agit d’aider les femmes et les enfants à prendre conscience qu’ils ont leurs propres ressources et leurs propres compétences pour passer à autre chose. « À un moment, il faut aider les personnes à sortir de leur position de victime car cela les enferme dans un statut. Les femmes et les enfants doivent aussi comprendre que cela dépend d’eux », insiste Catherine Douyère.

    LE TÉMOIGNAGE DE MARIE, 39 ANS
    « J’avais 11 ans quand ma mère s’est remariée. Au début, cette personne ne m’a pas semblé mauvaise, ce n’est qu’à partir de 13 ans que j’ai commencé à remarquer des choses. Des bleus, une dent à moitié cassée. J’avais des doutes mais ma mère prétendait que ce n’était rien. Progressivement, je me suis rendu compte que cet homme imposait à ma mère des relations forcées. J’entendais ma mère pleurer, j’entendais les coups. Je ne pouvais fermer l’œil que lorsque j’avais le sentiment que ma mère était hors de danger, j’attendais d’entendre les ronflements de cet homme. Un jour, j’ai été directement témoin de cette violence. J’avais 15 ans. J’en suis venue aux mains, je lui ai déboîté l’épaule, les pompiers ont dû intervenir. Ma mère n’a pas souhaité porter plainte. Il s’est fait suivre par un médecin. Ce n’est qu’à mes 24 ans que je l’ai finalement mis à la porte, après avoir découvert l’étendue des violences que cet homme faisait subir à ma famille. C’est peut-être à cause de ce passé que je n’arrive pas à m’attacher. Je me sens “guérie” mais on n’en sort jamais vraiment. Je fais encore des cauchemars. Ce n’est que maintenant que je me rends compte de la terreur que cet homme exerçait sur ma famille. J’étais celle qui protégeait. Ma mère n’avait pas la force de jouer ce rôle, elle était trop sous l’emprise. Cet homme est aujourd’hui mort, pour moi cela a été un soulagement. Heureusement que j’ai eu une vie normale avant le remariage de ma mère, c’est ce qui m’a permis de me reconstruire. »

     
  • Grande émotion à la lecture du texte de collégiens dénonçant « La Haine »

    La salle comble du Rive Gauche vient de faire un triomphe ce mardi 17 novembre à Philippe Torreton. Avec « Mec ! », le comédien a partagé avec 600 spectateurs son amour pour les textes du poète et chanteur normand Allain Leprest. Après deux rappels, il remonte sur scène et commence la lecture d’un texte terriblement émouvant…
     » LA HAINE

    C’est une contagion acide qui coule dans mes veines,
    ronge et brûle mon cœur en pulsations malsaines,
    La Haine

    Panthère enragée de l’ignorance malsaine qui dégaine ses griffes sur les faibles, c’est la marraine des tueries et de la manipulation, elle germe dans les veines de l’intolérance et du doute,
    La Haine

    Maladie malsaine qui dégaine ses chaînes et fait de mon cœur une benne pleine de peines, c’est le gène d’un cancer explosant dans mes veines comme un attentat,
    La Haine

    C’est le cri d’un cœur fou, le venin de la peine, c’est la déchirure malsaine de l’âme, et les haches de la mort amplifient les cris de peine
    La Haine

    C’est autant de dangers qu’un crocodile enragé, tapi dans l’ombre de l’intolérance et ses mâchoires se referment sur l’espoir.
    Le cœur couvert d’écailles, cuirassé d’une armure de haine, embusqué dans les ténèbres, il attend de frapper dans le dos des gens innocents,
    C’est la Haine

    C’est un attentat, une tuerie, un aveuglement, un feu de rage, une chienne déchaînée dans l’arène de l’ignorance
    La Haine

    Un fusil aveuglant, une épine de cactus qui perce mon cœur et brûle mon bon sens à petit feu, son cri déchire le corps comme un poison de folie,
    Une arme de kamikaze enragé, déchiré, détruit et détesté en morceaux dans une benne de violence,
    La Haine

    C’est un monstre qui plonge mon cœur dans un bain d’acide, une malsaine maladie qui perce mes veines comme une aiguille emplie de rancœur,
    C’est un tueur haineux comme le piquant des ronces, la colère malsaine qui mord le kamikaze en folie détestant la race humaine
    La Haine

    Un envoûtement de l’âme aveuglée et manipulée comme un monstre dangereux et venimeux, vénéneux poison qui ronge le cœur de violence,
    Du sang, des morts, de la terreur et tout ce bataclan de hurlements et de douleur, et désolée, la France en berne
    La Haine.

    C’est l’oxymore de l’Amour, le poison haineux qui sommeille en nous, qui nous détruit de l’intérieur, nous manipule et nous aveugle

    La Haine. »

    Ce texte a été rédigé collectivement par les élèves de 4e du collège Jean-Texcier de Grand-Quevilly dont un certain nombre se trouvait dans la salle du Rive Gauche au moment de la lecture. « La venue de Philippe Torreton dans notre collège est à l’origine du projet, précise Christine Chaumartin, professeur de lettres classiques. Nous devions travailler sur l’expression des sentiments, sur le modèle d’un poème d’Allain Leprest « La Colère ». Lorsque nous nous sommes retrouvés en cours le lundi 16, il nous a semblé évident, aux élèves, à M. Basset, professeur documentaliste, et à moi-même que le sentiment qu’il fallait dénoncer après les attentats du vendredi précédent était la haine. Voilà pour la genèse de ce texte, que nous avons donné le mardi 17 à Philippe Torreton lorsqu’il est venu rencontrer les élèves dans l’après-midi, et qu’il a eu l’extrême gentillesse de lire à la fin de son spectacle. Les élèves sont très touchés de la belle aventure de leur travail. »

    Pour illustrer cet article, une photo des élèves du collège Maximilien-Robespierre, qui ont tenu eux aussi lundi 16 à répondre à la haine par un geste de paix.

     
  • Semaine du service public communal : Torreton déplore le peu de considération pour la culture

    Culture en danger ? Telle était la question du débat qui a réuni quelque 130 personnes au Rive Gauche mardi soir en présence du maire Hubert Wulfranc, du premier adjoint Joachim Moyse et de Jérôme Gosselin, adjoint à la culture autour de l’invité de la soirée, l’acteur Philippe Torreton, sur scène le soir même dans «Mec!» un hommage au poète chanteur Allain Leprest. Avec des mots forts, devant un public acquis à sa cause, le comédien est venu dire sa colère et sa lassitude face au manque de vision toujours «sidérant» de notre société à l’égard de la culture. «Dans ce pays qui revendique sans cesse l’héritage des Lumières, on n’en finit jamais de rappeler la nécessité de la culture!»
    En cause notamment la baisse des dotations de l’État aux communes qui aura forcément des répercussions directes sur le soutien aux structures. «La culture est toujours la première à faire les frais des politiques d’austérité», a constaté le maire Hubert Wulfranc qui a redit son attachement à maintenir sur le territoire de Saint-Étienne-du-Rouvray ce service public de proximité, indispensable à l’épanouissement de tout être humain. «C’est en fréquentant les lieux de découverte, de création que l’on s’interroge sur le monde et sur soi-même. Car où – si ce n’est dans les théâtres –, parle-t-on aujourd’hui le plus et le mieux de l’être humain?» a interrogé Philippe Torreton.
    Dans la salle, plusieurs témoins se sont fait l’écho de ces préoccupations : un parent d’enfant inscrit à l’école Joliot-Curie en Classe à horaires aménagés danse et professeur au collège Robespierre est venu défendre les enseignements artistiques, un producteur, un metteur en scène, ont exprimé tour à tour leurs craintes devant l’indigence croissante de leur métier. Au fil des échanges, on a parlé de la culture comme outil de liberté, d’égalité, outil de pensée, «d’ouverture sur les autres», seul et nécessaire rempart contre les obscurantismes.
    L’actualité récente des attentats de Paris et Saint-Denis donnait évidemment à ce débat une résonance particulière. Et cette soirée a été l’occasion de rappeler qu’au-delà des mesures sécuritaires qui absorbent aujourd’hui le débat public, d’autres moyens de lutte plus en amont peuvent être mobilisés : l’éducation, la défense d’un service public de la culture de qualité et accessible à tous. «Or de cela, personne ne parle !» s’est encore indigné Philippe Torreton. Tout se passe comme si la culture restait à la marge, une sorte de hobby « au même titre que le Scrabble et le Porto le dimanche ». «Quand a-t-on entendu la dernière fois un homme politique parler de théâtre, citer des auteurs, des poèmes ?» a-t-il relevé, regrettant que «parler de culture aujourd’hui revient à montrer une image négative de quelqu’un qui a le temps, le temps de lire, d’aller au spectacle. Ainsi, derrière la baisse des subventions, il y a, plus grave encore : le manque de considération. Voilà où on en est ! Mais la culture n’a rien à voir avec le divertissement. La culture, c’est fondamental!». Elle est même au cœur du vivre ensemble, a-t-on admis ce soir-là en guise de conclusion.

     
  • Semaine du service public communal : Torreton déplore le peu de considération pour la culture

    Culture en danger ? Telle était la question du débat qui a réuni quelque 130 personnes au Rive Gauche mardi soir en présence du maire Hubert Wulfranc, du premier adjoint Joachim Moyse et de Jérôme Gosselin, adjoint à la culture autour de l’invité de la soirée, l’acteur Philippe Torreton, sur scène le soir même dans «Mec!» un hommage au poète chanteur Allain Leprest. Avec des mots forts, devant un public acquis à sa cause, le comédien est venu dire sa colère et sa lassitude face au manque de vision toujours «sidérant» de notre société à l’égard de la culture. «Dans ce pays qui revendique sans cesse l’héritage des Lumières, on n’en finit jamais de rappeler la nécessité de la culture!»
    En cause notamment la baisse des dotations de l’État aux communes qui aura forcément des répercussions directes sur le soutien aux structures. «La culture est toujours la première à faire les frais des politiques d’austérité», a constaté le maire Hubert Wulfranc qui a redit son attachement à maintenir sur le territoire de Saint-Étienne-du-Rouvray ce service public de proximité, indispensable à l’épanouissement de tout être humain. «C’est en fréquentant les lieux de découverte, de création que l’on s’interroge sur le monde et sur soi-même. Car où – si ce n’est dans les théâtres –, parle-t-on aujourd’hui le plus et le mieux de l’être humain?» a interrogé Philippe Torreton.
    Dans la salle, plusieurs témoins se sont fait l’écho de ces préoccupations : un parent d’enfant inscrit à l’école Joliot-Curie en Classe à horaires aménagés danse et professeur au collège Robespierre est venu défendre les enseignements artistiques, un producteur, un metteur en scène, ont exprimé tour à tour leurs craintes devant l’indigence croissante de leur métier. Au fil des échanges, on a parlé de la culture comme outil de liberté, d’égalité, outil de pensée, «d’ouverture sur les autres», seul et nécessaire rempart contre les obscurantismes.
    L’actualité récente des attentats de Paris et Saint-Denis donnait évidemment à ce débat une résonance particulière. Et cette soirée a été l’occasion de rappeler qu’au-delà des mesures sécuritaires qui absorbent aujourd’hui le débat public, d’autres moyens de lutte plus en amont peuvent être mobilisés : l’éducation, la défense d’un service public de la culture de qualité et accessible à tous. «Or de cela, personne ne parle !» s’est encore indigné Philippe Torreton. Tout se passe comme si la culture restait à la marge, une sorte de hobby « au même titre que le Scrabble et le Porto le dimanche ». «Quand a-t-on entendu la dernière fois un homme politique parler de théâtre, citer des auteurs, des poèmes ?» a-t-il relevé, regrettant que «parler de culture aujourd’hui revient à montrer une image négative de quelqu’un qui a le temps, le temps de lire, d’aller au spectacle. Ainsi, derrière la baisse des subventions, il y a, plus grave encore : le manque de considération. Voilà où on en est ! Mais la culture n’a rien à voir avec le divertissement. La culture, c’est fondamental!». Elle est même au cœur du vivre ensemble, a-t-on admis ce soir-là en guise de conclusion.

     
  • « Nous n’avons pas peur »

    Lundi 16 novembre à 11h55, agents municipaux et habitants se sont rassemblés devant la mairie pour observer une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de la région parisienne perpétrés dans la soirée du 13 novembre. À l’issue de ce moment solennel, le maire, Hubert Wulfranc, a commencé son discours par « Nous n’avons pas peur », appelant tous les citoyens à résister « à tous les totalitarismes, à tous les fascismes, à tous les fondamentalismes ».
    « Nous n’avons pas peur, a-t-il répété, mais il ne faut pas oublier que la mobilisation ne doit pas s’éteindre une fois que l’émotion, si forte soit-elle, sera passée. La lutte pour la liberté, l’égalité, la fraternité est un combat quotidien. »
    Avec une vive émotion, le maire a également appelé les citoyen à « regarder l’autre avec tendresse, avec humanité, [à] regarder l’autre avec ouverture et confiance. Cela reste, a-t-il ajouté, la réplique la plus forte ».
    Face aux éventuelles tentatives de récupération ou de division du pays, le maire a enfin appelé les forces vives de la démocratie et de la République, « à prendre sur [elles] », exhortant au « sang froid républicain » devant ceux qui voudraient instrumentaliser ces attentats à des fins racistes ou xénophobes. « Prenez sur vous car vous êtes citoyens de France, prenez sur vous car l’intelligence doit prévaloir, prenez sur vous en mémoire des victimes, prenez sur vous pour tous ceux qui demain devront continuer à faire vivre ce pays en mettant l’homme au centre, prenez sur vous pour défendre la démocratie, pour défendre la République. Vive la République, vive la France! »
    Avant de mettre fin au rassemblement citoyen, le maire a rappelé que l’ensemble des manifestations était maintenu sur le territoire de la commune, y compris le débat sur la culture qui aura lieu mardi soir au Rive Gauche en présence du comédien Philippe Torreton (lire notre article également en une du site). « J’y vois là un moment fort où tous ceux qui voudront rejoindre le combat de l’éducation, de la culture, de l’intelligence pourront se rassembler en cette soirée de l’ultime jour de deuil national. »

     
  • Déclaration du maire de Saint-Étienne-du-Rouvray et de la Municipalité

    Il n’y a pas de mot pour qualifier les crimes et la terreur engendrés par les attentats à Paris et Saint-Denis ce vendredi soir. L’heure est à la solidarité avec les victimes et leurs familles. La Ville de Saint-Étienne-du-Rouvray présente toutes ses condoléances aux familles et amis des victimes. Elle a une pensée solidaire avec les nombreux blessés.
    La Ville de Saint-Étienne-du-Rouvray, dans le cadre de la décision de la mise en place de l’état d’urgence par le chef de l’État, a décidé de mettre les drapeaux en berne dans le cadre du deuil national.
    La Ville reste en contact avec la Préfecture de Seine-Maritime pour mettre en œuvre toutes les dispositions nécessaires.
    La Ville en appelle à l’unité des Stéphanais pour refuser la peur, refuser l’amalgame et les discriminations, affirmer les valeurs de notre République: liberté, égalité, fraternité et laïcité.
    Face à une entreprise destructrice, il est impératif de ne pas céder à la panique et à la peur que les terroristes veulent imposer à notre pays. Le service public stéphanais agira en ce sens.
    Les Stéphanaises et Stéphanais sont et resteront unis face à la barbarie.

     
  • Habitants et élus, une semaine de mobilisation

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  • Appel du 11 novembre : “un monde de paix pour tous les enfants”

    Pour ce 97e anniversaire de l’armistice de 1918 – mettant fin aux combats sanglants de la Grande guerre qui déchirait l’Europe et une partie du monde depuis quatre ans – Hubert Wulfranc a choisi de privilégier le symbole à un long discours. Le maire a invité les enfants venus assister à cette cérémonie du souvenir avec leur famille à le rejoindre. Et, pointant cette jeunesse à la fois souriante et intimidée à ses côtés, il a interrogé la foule rassemblée sur la place de la Libération : “cette image ne vaut-elle pas tous les discours du monde ? En ces temps troublés, alors que la situation internationale met aujourd’hui encore les peuples dans une situation tragique. Les enfants, qu’ils soient dans une maison douillette ou dans une migration infernale…” n’ont-ils pas les mêmes droits de vivre dans un monde de paix ?
    Peu de temps avant, Claude Maréchal au nom des anciens combattants a également fait référence à la situation internationale actuelle qui “rend impératif le recours à l’Organisation des nations unies”. Il a par ailleurs invité toutes les générations et “plus particulièrement la jeunesse à œuvrer pour un monde de paix, plus solidaire et plus juste”. Avant cet appel, il avait rappelé en quelques chiffres tragiques ce qu’avait produit la Première Guerre mondiale : “1,4 million de morts français, 740 000 invalides et 3 millions de blessés”.
    La cérémonie officielle s’est achevée par un traditionnel lâcher de pigeons. Puis l’assistance a pu assister à une représentation de danse par les élèves de cm2 de la classe de danse à horaires aménagés de l’école Joliot-Curie.

     
  • Assises 2/2: les nouvelles transmissions du savoir

    Après avoir consacré leur première journée au temps libre, les Assises de l’éducation ont abordé, vendredi 6 novembre, la question centrale des attitudes et des pratiques éducatives. Qu’il s’agisse de culture scientifique, d’apprentissage de la musique ou d’initiation au numérique, la nature et la qualité de la relation éducateur-apprenant sont à la fois déterminantes et évolutives. Défi climatique, risque sanitaire, développement des nouvelles technologies… nos sociétés font face, depuis plus de trente ans, à des enjeux globaux et planétaires. Des problématiques d’autant plus difficiles à appréhender, «qu’il n’y pas de professeur d’éducation à la santé, au développement durable ou à l’information», a souligné Jean-Marc Lange, professeur des universités à l’École supérieure du professorat et de l’éducation de l’académie de Rouen.
    «L’organisation scolaire telle qu’on l’a connue jusqu’à maintenant n’est plus en phase avec les ruptures que nous vivons aujourd’hui», a poursuivi l’universitaire, en introduction de sa présentation des « éducations à ». Apparues dans les années 1970, «elles sont centrées sur des pratiques sociales et non plus sur des savoirs, a insisté Jean-Marc Lange. Les « éducations à » s’émancipent du cadre formel du savoir, privilégiant un pilotage des actions éducatives participatives».
    Démarche participative contre modèle de transmission descendant du savoir, voilà de quoi susciter, à en croire les différents participants aux Assises, la créativité dont nos sociétés ont besoin. Et notamment dans le domaine artistique, où contrairement à ce qu’on pourrait penser, un enseignement très formel demeure souvent la norme. Dans les conservatoires de musique en tout cas, comme l’a regretté Yanik Lefort : «Sociologiquement, les conservatoires sont des lieux effrayants, a lancé le directeur du Centre de formation des enseignants de la musique et de la danse de Normandie (Cefedem). Il y règne un fonctionnement de type totalitaire». Pour mettre fin à cette organisation rigide et hiérarchisée, héritée de la Révolution française, Yanik Lefort voudrait «réinventer un modèle d’éducation plus en phase avec les valeurs démocratiques, laïques et républicaines».
    Si les expérimentations semblent rares dans le domaine de la musique – «où nous avons peu d’alternative» au modèle descendant, a regretté le directeur du Cefedem – les exemples de médiations développées dans le domaine de la culture scientifique seraient en revanche en mesure de redonner une certaine appétence aux jeunes pour les sciences. «Pour relever ce défi, nous créons des expositions interactives autour desquelles naissent des échanges, a indiqué Jean-François Passegué, directeur de l’association Science Action Haute-Normandie. Les animateurs invitent le visiteur à faire, à manipuler, à se confronter au réel.»
    Cette confrontation au réel, à l’espace et au groupe semble être devenue un passage obligé des nouvelles postures éducatives. «Le passage d’une école sanctuaire, fermée, close, à une école ouverte, puis intégrée au territoire, a pointé Jean-Marc Lange, a fait perdre à l’école son monopole de l’éducation». Au profit de toute une autre série d’acteurs, devenus légitimes au fil de l’évolution des enjeux de société et de l’évolution des techniques.
    L’appropriation des nouvelles technologies – dont restent encore exclues certaines populations – ne fait pas exception à la règle : elle exige, d’abord, que les publics fassent l’expérience du numérique (comme on le ferait de la physique) pour comprendre ce qu’ils peuvent en faire (la démonstration ne pouvant pas se limiter à la théorie) ; elle suppose, ensuite, que la médiation soit prise en charge par des non spécialistes. «On peut tous être médiateur du numérique pour quelqu’un», a lancé Annabelle Boutet, sociologue, maître de conférence à Télécom Bretagne.
    «C’est donc finalement, comme l’a résumé Jean-Luc Rinaudo, professeur de sciences de l’éducation à Rouen, la médiation, l’accompagnement et les pratiques éducatives diverses – qu’elles soient le fait des parents, des enseignants ou des animateurs – qui contribuent à faire en sorte que les apprenants deviennent des suiveurs, des acteurs ou des auteurs. » Qui déterminent en somme le niveau d’engagement de l’élève, du musicien, du scientifique, de l’internaute, du citoyen.
    Il est bien clair dans ce contexte qu’on passe d’une éducation organisée autour du savoir à un projet éducatif centré sur le vivre ensemble et largement co-animé. Reste à penser les modes de coopération entre tous les acteurs de cette co-éducation et à faire émerger une véritable cité éducative.

     
  • Premier jour des assises : « J’éduque donc je suis ? »

    La première journée des Assises de l’éducation, qui s’est déroulée hier dans l’amphithéâtre de l’université des sciences de Rouen, s’est intéressée à la conception du temps libre dans les structures d’accueil extrascolaire. « Simple » garderie, offre de loisirs, support éducatif : quelles sont les missions de ces espaces ? Quelles sont les ambitions des professionnels qui y interviennent ? Quelle est la place des enfants dans le choix des activités qui leur sont proposées ? Autant de questions propices au débat. Après plusieurs heures d’école, les enfants doivent encore, pour une bonne partie d’entre eux, rester assis à un atelier de peinture, se mettre en rang deux par deux pour aller au gymnase ou encore suivre des consignes et des instructions écrites à la craie sur un tableau noir pendant un cours de musique. Autant de codes et de formes qui, selon Nathalie Roucous, rapprochent les lieux d’accueil d’après classe du modèle scolaire. «Il est très rare que des structures se positionnent en rupture par rapport à l’école, a expliqué la sociologue de l’éducation. Le poids de l’école est très fort et les liens avec l’éducation sont omniprésents. Quant à la croyance selon laquelle si on ne fait pas d’éducation, on fait de la garderie, elle est tenace!»
    Ce même réflexe éducatif à l’œuvre dans les centres de loisirs se retrouve depuis longtemps dans les colonies de vacances, comme l’a démontré Jean Houssaye: « De la fin du XIXe siècle jusqu’à la première guerre mondiale, a insisté ce professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université de Rouen, tous les organisateurs de colonies – à l’exception des protestants – ont fait de l’éducatif au cours des séjours.» Après guerre, sous couvert de répondre aux besoins des enfants, les adultes vont mettre en place une batterie d’activités qui ne respectent pas plus ni le rythme, ni les envies des jeunes. Or, a conclu Jean Houssaye, qui a longtemps dirigé des centres de vacances, « on ne peut pas avoir une volonté éducative permanente».
    En vacances comme après la classe, le temps libre rimerait donc souvent avec apprentissage, le jeu «gratuit» étant dévalorisé au profit d’une culture du résultat. Cela traduit, d’après Nathalie Roucous «la difficulté des adultes à admettre la détente en tant que telle», mais aussi leur tendance à faire dériver «la notion d’épanouissement vers l’idée de progression et d’avancement, voire d’objectif». Ce réflexe éducatif serait, enfin, le signe, d’après l’universitaire en poste à Paris 13, de l’incapacité à «faire confiance aux enfants pour le choix de leurs activités». Et pourtant, les enfants ne suivent aucun programme pédagogique pour apprendre à marcher, à parler, à chanter, à jouer aux jeux vidéo, ce qui tend à penser que leurs pratiques enfantines peuvent constituer de vraies ressources. «Penser les loisirs en se mettant à la place des enfants et sans se référer à l’éducatif permettrait, selon Nathalie Roucous, d’avoir d’autres pratiques».
    Délégué général adjoint de la Fédération nationale des Francas, Yann Renault, venu conclure cette première séquence des Assises, a plutôt, de son côté, revendiqué la mission éducative du temps libre ! À condition de bien s’entendre sur les contours de l’éducation. «L’éducation est globale et continue, donc le temps libre est un temps d’éducation», a-t-il plaidé. Ajoutant, même : «Il faut ce temps collectif éducatif pour lutter contre les inégalités et pour construire du vivre ensemble et de la fraternité ».
    Partisan d’une approche plus globale des temps de l’enfant et de l’éducation, il en a aussi appelé à sortir d’un schéma trop réducteur qui réserverait à la famille l’enseignement des valeurs, à l’école celui des savoirs et aux centres de loisirs celui des savoirs être : «N’ayons pas peur des interactions ! a lancé ce défenseur de l’éducation populaire. L’enfant apprend partout, mieux vaut donc lui permettre de construire son propre parcours éducatif».