D’un lieu mythique à un autre.
Ils restent, dans le langage commun des Petit-Quevillais, « les Portugais ». Et pourtant, depuis plus de quarante ans que la première génération s’est installée dans la région, ils font partie intégrante de la communauté. Fuyant la dictature de Salazar, ou tout simplement partis en quête d’un avenir meilleur, ils ont contribué à l’essor de la commune en apportant leurs savoirs, leur culture, en y faisant des enfants et en s’y faisant adopter comme s’il s’agissait de leur propre pays. Afin de retrouver ce petit « bout de Portugal », certains de ces migrants déracinés soucieux de recréer, de manière collective, un microcosme imaginaire, fondent, en 1975, l’Association culturelle et de loisirs des Portugais de l’agglomération de Rouen (ALCPAR). Au sein de ce groupe, dont le siège est installé au sein des locaux de l’ancien Casino Rouennais, rue Maurice Mailleau, on mange portugais, on parle portugais, même si l’association est ouverte à tous. « Nous participons à des défilés folkloriques, à diverses animations dans les villes de la région nous organisons régulièrement des repas confectionnés par nos bénévoles au cours duquel sont servies des spécialités culinaires portugaises ». Las… La première génération vieilli et la deuxième ne semble pas attirée pour faire perdurer les traditions. Le Casino Rouennais devient vite un gouffre de dépenses, en chauffage, en loyer ou en termes de sécurité. Entendu par la mairie dans son souhait de déménager, Manuel Nogueira-Pineu, le président de l’ACLPAR se voit proposer le bâtiment de l’ancienne caserne des pompiers, boulevard Charles de Gaulle. « La municipalité a participé à la rénovation des lieux à hauteur des fenêtres et huisseries » confie-t-il, « tout le reste a été réalisé par les adhérents, que ce soit en don de matériaux ou en termes de main-d’œuvre ». Fruit de cet accord gagnant-gagnant, le nouveau siège a donc été inauguré mardi en présence de José Stuart, consul honoraire du Portugal, de plusieurs conseillers départementaux et élus, réunis dans la salle au nom dévoilé par Frédéric Sanche : « salle du 1er mai ». Une occasion pour le premier édile de rappeler quelques notions sur le « vivre ensemble » et de souligner « que l’amitié reste le ciment de telles durabilités ». Dans ses locaux flambant neuf, l’association continuera de proposer toutes sortes d’activités liées à la culture lusitanienne au nombre desquelles des cours de Portugais, susceptibles de drainer les jeunes de la deuxième voire troisième génération.
L’histoire de la caserne des pompiers…
Construite en 1932-1933 sur des plans de l’architecte Pierre Rivar, ce bâtiment abritait matériel, vestiaires et véhicules d’intervention. A l’étage, un appartement avait été aménagé et une tour utilisée pour le séchage des tuyaux d’incendie construite. Il subsiste de cette époque d’activité la mention « service d’incendie » gravée sur le fronton de la caserne, influencé par l’art-déco de l’époque. En 2008, la caserne des pompiers cesse toute activité, les militaires étant regroupés au sein du Centre d’incendie et de secours de Grand-Quevilly.