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Tous les articles par Eric de Falco - 10. page

  • Effectifs de police, heures sup’ : quand Sarkozy s’arrange avec les chiffres

    L’unité nationale aura fait long feu. Invité mercredi 21 janvier du journal de 20h de France 2, Nicolas Sarkozy a opté pour la réplique plus que pour la concorde en réponse au plan de lutte contre le terrorisme annoncé le jour même par Manuel Valls. Le président de l’UMP ainsi proposé « de décider immédiatement de rétablir les heures supplémentaires dans la police et les services de renseignement » pour faire face à la menace terroriste. Ce rétablissement des heures supplémentaires représenterait, selon lui, « 4.000 équivalents temps plein de plus tout de suite ».

    Cette proposition de l’ancien chef de l’Etat a fait glousser les internautes sur Twitter. Et pour cause : les heures supplémentaires existent déjà dans la police, en atteste cet article disponible sur le site du Syndicat de Défense des Policiers Municipaux. Pire, ces dernières ont été épinglées à l’été 2013 par un rapport sévère de la Cour des comptes, dénonçant des « dérives ». De fait, selon les Sages de la rue Cambon, le taux moyen de l’indemnité horaire pour les heures supplémentaires travaillées de juillet 2011 à juin 2012 avait atteint « 26,47 euros au lieu de 12,33 euros », soit plus du double du taux prévu par un décret du 3 mars 2000.

    Au-delà du fait que cette proposition apparaît comme une fausse solution, la proposition sarkozyste se heurte aussi à son bilan sur le plan sécuritaire lorsqu’il était président.

    Observation du journaliste de France 2 David Pujadas : On pourra vous répondre que pendant votre quinquennat le nombre de personnels de police et de gendarmerie a diminué. »

    Réponse de Nicolas Sarkozy : C’est faux, c’est faux, c’est totalement faux. » Faux ? Vraiment ? Les chiffres parlent pourtant d’eux-mêmes : lors de son quinquennat entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a bien supprimé 12.000 postes de policiers et gendarmes notamment sous l’effet de la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

    Pour justifier sa réponse, l’ex-président s’est en réalité appuyé sur l’évolution des effectifs entre 2002 et 2011 (+1.700 postes), – une période qui comprend son passage au ministère de l’Intérieur de 2002 à 2004 puis de 2005 à 2012. Mais ce n’était pas l’objet de la question de David Pujadas…

     
  • Jeune et sans diplôme, on n’est rien aujourd’hui

    Ou du moins, pas grand-chose. Relégué dans les oubliettes du chômage, de la précarité sociale. C’est le sort de 100.000 jeunes chaque année : environ 14% d’une génération quitte l’école sans la moindre qualification.

    Au bout de trois ans, la moitié sont toujours sans emploi, certains, sans avoir jamais eu la chance de rencontrer le moindre employeur. Les autres ne connaissent pas l’embauche, mais le CDD, le temps partiel, l’intérim. Sans diplôme, pas d’emploi, pas d’espoir de réussite sociale, sauf de rares exceptions.

    Le temps n’est plus où, ayant échoué à l’école, l’on pouvait néanmoins trouver sa place dans la société. C’était vrai déjà, voici dix ou vingt ans. Mais voilà qu’avec la crise, avec la compétition sociale pour l’emploi, même ceux qui ont réussi à décrocher un CAP ou un BEP se retrouvent massivement au chômage. Eux sont 120.000, 17% d’une génération. Et au total, ce sont 200.000 jeunes chaque année, soit presque un tiers d’une génération, qui se trouvent peu ou prou exclus du monde du travail. Et qui sont ces « mauvais » élèves de notre école républicaine, elle qui prétend pratiquer l’égalité des chances, récompenser le « mérite » des uns et des autres sans distinction de naissance, sans privilèges ?

    Au-delà des différences culturelles, des pratiques éducatives, on oublie souvent que les conditions de vie, les moyens financiers dont disposent les familles sont tout aussi importants, comme, par exemple le fait d’avoir sa propre chambre. Tout cela pèse. » Des jeunes souvent convaincus d’être « nuls « , « orientés  » de force vers des filières dont personne ne veut et qui ne mènent plus à grand-chose, et écartés des voies « nobles « , bac général, études supérieures.

    Constat d’un rapport de 2009, resté dans les tiroirs : A résultats scolaires comparables, l’orientation varie en fonction de la profession des parents et de leurs diplômes.  » Longtemps, nous avons vécu dans l’illusion du « mérite » scolaire, et de l’excellence de notre école. Les études Pisa de l’OCDE nous ont révélé qu’il n’en était rien. La France non seulement n’a pas une école au-dessus de la moyenne en terme de niveau de ses élèves, mais elle est l’un des pays où le rattrapage des inégalités sociales fonctionne le moins bien.

    Chez nous, origine sociale et difficultés scolaires se recoupent étroitement. A cela, une multitude de raisons. Pour donner aux élèves l’opportunité de réussir leurs études, sans qu’entrent en jeu les revenus et le capital culturel de leur famille, il faut concentrer l’effort et les moyens de l’Etat sur les plus modestes.

    Or, malgré les incessantes réformes de l’école, à ce jour, ni les ZEP, ni les internats d’excellence, ni les contrats « ambition réussite » ne sont parvenus à infléchir cette tendance de fond. La Cour des comptes, en 2012, dénonçait l’inefficacité de la répartition des moyens : « Sans corrélation entre les difficultés scolaires constatées sur le terrain, moyens publics et effectifs d’enseignants devraient être alloués en fonction des besoins des élèves. Ce n’est que très partiellement le cas », constatait Patrick Lefas, président de la troisième chambre de la Cour des Comptes.

    Ainsi, l’académie de Créteil, qui comprend notamment la Seine-Saint-Denis, se situe tout juste dans la moyenne. A l’inverse, des zones socialement favorisées, où la réussite scolaire ne pose aucun problème, se trouvent paradoxalement mieux dotées que les autres. » La réussite scolaire est aussi devenue l’enjeu d’une compétition sociale, biaisée par l’argent et que personne n’accepte de voir.

    La journaliste Gaëlle Guernalec, auteure de « Jamais dans ce lycée », y raconte sa prise de conscience : « J’ai traversé cette incroyable période d’angoisse quand votre ado rentre en classe de seconde. On est pris d’une telle fébrilité, plongé dans mille démarches, calculs, qu’on en oublie tout le reste… Mais à un moment, je me suis rendue compte que j’étais en train de trahir mes valeurs, ce en quoi je croyais. Nous devons prendre conscience des conséquences collectives de nos décisions individuelles. Nos stratégies égoïstes, notre angoisse pour l’avenir de nos propres enfants, ont des conséquences terribles pour l’ensemble de la population. En refusant le brassage social dans les établissements, nous cassons l’égalité des chances. »

     
  • liberté d’expression, quelles limites?

    « Pourquoi Dieudonné est-il attaqué alors que Charlie Hebdo peut faire des “unes” sur la religion » ? La question est revenue, lancinante, durant les dernières heures de notre suivi en direct de la tuerie à Charlie Hebdo et de ses conséquences.

    La liberté d’expression est un principe absolu en France et en Europe, consacré par plusieurs textes fondamentaux. « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi », énonce l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789.

    Le même principe est rappelé dans la convention européenne des droits de l’homme : « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. » Cependant, elle précise : « L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire. »

    La liberté d’expression n’est donc pas totale et illimitée, elle peut être encadrée par la loi. Les principales limites à la liberté d’expression en France relèvent de deux catégories : la diffamation et l’injure, d’une part ; les propos appelant à la haine, qui rassemblent notamment l’apologie de crimes contre l’humanité, les propos antisémites, racistes ou homophobes, d’autre part.

    C’est la loi du 29 juillet 1881, sur la liberté de la presse, qui est le texte de référence sur la liberté d’expression. Son article 1 est très clair : « L’imprimerie et la librairie sont libres », on peut imprimer et éditer ce qu’on veut. Mais là encore, après le principe viennent les exceptions. La première est l’injure (« X est un connard »), puis viennent la diffamation ou la calomnie, c’est-à-dire le fait de porter atteinte à l’honneur d’une personne (diffamation, par exemple « X a une mauvaise haleine et ronfle »), ou d’imputer à quelqu’un des actions qu’il n’a pas commises, le tout dans le but de lui faire du tort (calomnie, par exemple « X a volé dans la caisse de l’entreprise »). Les articles 23 et 24 de cette même loi expliquent que « seront punis comme complices d’une action qualifiée de crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics », en font l’apologie, et liste les propos qui peuvent faire l’objet d’une condamnation :

    « – les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles, définies par le livre II du code pénal ;

    – l’apologie (…) des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes et délits de collaboration avec l’ennemi. – (Le fait d’inciter à des) actes de terrorisme prévus par le titre II du livre IV du code pénal, ou qui en auront fait l’apologie.

    – La provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers des personnes “en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée”, ou encore “leur orientation sexuelle ou leur handicap” ».

    Dernier cas particulier : l’apologie du terrorisme, plus durement sanctionné depuis la loi de novembre 2014 sur la lutte contre le terrorisme. Le texte, mis en application ces derniers jours, prévoit que des propos d’apologie du terrorisme puissent être condamnés en comparution immédiate, renforce les peines encourues, et considère comme un fait aggravant le fait que ces propos soient tenus sur Internet. La même loi introduisait également la possibilité d’un blocage administratif – c’est à dire sans validation a priori par un juge – des sites de propagande djihadiste, une mesure fortement dénoncée par les défenseurs de la liberté d’expression.

    En résumé, la liberté d’expression ne permet pas d’appeler publiquement à la mort d’autrui, ni de faire l’apologie de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, ni d’appeler à la haine contre un groupe ethnique ou national donné. On ne peut pas non plus user de la liberté d’expression pour appeler à la haine ou à la violence envers un sexe, une orientation sexuelle ou un handicap.

    Le droit d’expression est sous un régime « répressif » : on peut réprimer les abus constatés, pas interdire par principe une expression avant qu’elle ait eu lieu. Mais si une personne, une association ou l’Etat estime qu’une personne a outrepassé sa liberté d’expression et tombe dans un des cas prévus dans la loi, elle peut poursuivre en justice. En clair, c’est aux juges qu’il revient d’apprécier ce qui relève de la liberté d’expression et de ce qu’elle ne peut justifier. Il n’y a donc pas de positionnement systématique, mais un avis de la justice au cas par cas.

    La liberté d’expression ne permet donc pas de professer le racisme, qui est un délit, de même que l’antisémitisme. On ne peut donc pas imprimer en « une » d’un journal « il faut tuer untel » ou « mort à tel groupe ethnique », ni tenir ce genre de propos publiquement.

    Néammoins, les cas de Dieudonné ou de Charlie Hebdo ont trait à un autre type de question, celle de l’humour et de ses limites. En résumé, la loi n’interdit pas de se moquer d’une religion – la France est laïque, la notion de blasphème n’existe pas en droit – mais elle interdit en revanche d’appeler à la haine contre les croyants d’une religion, ou de faire l’apologie de crimes contre l’humanité – c’est notamment pour cette raison que Dieudonné a régulièrement été condamné, et Charlie Hebdo beaucoup moins.

    Dans le cas de Dieudonné, la justice a été appelée à plusieurs reprises à trancher. Et elle n’a pas systématiquement donné tort à l’humoriste. Ainsi a-t-il été condamné à plusieurs reprises pour « diffamation, injure et provocation à la haine raciale » (novembre 2007, novembre 2012), ou pour « contestation de crimes contre l’humanité, diffamation raciale, provocation à la haine raciale et injure publique » (février 2014). Lorsqu’en 2009 il fait venir le négationniste Robert Faurisson sur scène pour un sketch où il lui faisait remettre un prix par un homme déguisé en détenu de camp de concentration, il est condamné pour « injures antisémites ».

    Mais dans d’autres cas, il a été relaxé : en 2004 d’une accusation d’apologie de terrorisme, en 2007 pour un sketch intitulé « Isra-Heil ». En 2012, la justice a refusé d’interdire un film du comique, malgré une plainte de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).

    En plaidant pour l’interdiction de ses spectacles fin 2013, le gouvernement Ayrault avait cependant franchi une barrière symbolique, en interdisant a priori une expression publique. Néanmoins, le Conseil d’Etat, saisi après l’annulation d’une décision d’interdiction à Nantes, lui avait finalement donné raison, considérant que « la mise en place de forces de police ne [pouvait] suffire à prévenir des atteintes à l’ordre public de la nature de celles, en cause en l’espèce, qui consistent à provoquer à la haine et la discrimination raciales ». « On se trompe en pensant qu’on va régler la question à partir d’interdictions strictement juridiques », estimait alors la Ligue des droits de l’homme.

     
  • Boko Haram, le nouvel Etat islamique ?

    A des milliers de kilomètres de la France, le Nigeria fait face, lui aussi, à l’obscurantisme islamiste. Samedi, au moins 19 personnes ont péri dans l’explosion d’une bombe à Maiduguri, grande ville du nord-est du pays. La charge, fixée sur une fillette, a détoné au cœur d’un marché bondé. Même si cet attentat-suicide n’a pas été revendiqué, tous les indices convergent pour faire de Boko Haram le principal suspect, souligne la BBC. Depuis quelques mois, le groupe terroriste dirigé par Abubakar Shekau tend à recourir aux femmes pour perpétrer ses tueries de masse. Cela étant, le fait d’utiliser des fillettes comme « chair à canon » semble être une tactique inédite, observe le New York Times. Imprégné d’une idéologie mortifère, Boko Haram ne cesse de semer la terreur et la désolation, à coups de destructions systématiques. La semaine dernière, ses sicaires ont rasé l’agglomération de Baga et plusieurs villages situés sur les rives du lac Tchad. Au total, près de 2 000 personnes auraient perdu la vie dans ce qui apparaît comme un carnage sans précédent, selon l’ONG Amnesty International, citée par le Guardian (les autorités, elles, évoquent 150 morts). Pourtant, ce massacre semble oublié par l’Occident. Une erreur ? Certainement ; Boko Haram, fort de ses conquêtes territoriales, est en train de se muer en « mini-Etat islamique ». On peut craindre que le climat de peur va s’accentuer à l’approche du 14 février, date de la tenue des élections présidentielle et législative. Afin de mettre à bas le mouvement islamiste, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun doivent unir leurs forces. La façon dont la moitié du Mali est tombée aux mains des islamistes laisse augurer ce qui pourrait arriver si rien n’est fait.

     
  • 31 265

    C’est le nombre de régularisations faites en France en 2014, soit un recul de 11,4 % par rapport à l’année précédente (35 274), selon une première estimation du ministère de l’intérieur. L’année 2013 avait connu un bond dû à l’assouplissement des conditions permettant les « admissions exceptionnelles au séjour ». Les naturalisations ont de leur côté augmenté de 10,9 % l’an dernier, avec 77 335 nouveaux Français.

     
  • 35 h, un bilan finalement positif

    Le 1er janvier 2000, la réforme des 35 heures entrait en application. Quinze ans après, l’économiste Eric Heyer, directeur adjoint au Département analyse et prévision de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), dresse un bilan plutôt positif de cette réforme emblématique de la période Jospin.

    Quand on regarde les données macro-économiques au moment de la mise en place des 35 heures qu’observe-t-on ? D’abord, une croissance mondiale franche avec un pays, la France, qui faisait mieux en moyenne que la plupart de ses partenaires. Les lois Aubry I en 1998 et Aubry II en 2000 ne changent pas cette situation. Au contraire. Le taux de marge des entreprises ne faiblit pas et les 35 heures vont permettre de redéfinir ce qu’est le temps de travail.

    Oui, la loi Aubry II a abouti à redéfinir le travail effectivement réalisé au sein de l’entreprise, en excluant les temps de transport et de pause, etc. Le cas d’école, c’est Eurodisney : avant les lois Aubry, le temps de travail était comptabilisé à partir du moment où l’on pointait à l’entrée du parc. Avec la mise en place des 35 heures, on ne commence à travailler qu’une fois déguisé en Mickey. Ce n’est qu’un exemple, mais cela montre bien que le temps de travail n’a en fait baissé que de 5% et non de 10%. On travaille deux heures de moins, pas quatre. La grande contrepartie des 35 heures, c’était la flexibilité. L’annualisation du temps de travail a, de ce point de vue, représenté un progrès énorme pour les entreprises. Il a permis de réorganiser l’activité, ce qui a généré de très importants gains de productivité.

    Certains n’hésitent pas à présenter les 35 heures comme un diktat imposé autoritairement d’en haut. Mais en réalité, cette redéfinition de ce qu’est le temps de travail a été l’occasion d’une remise à plat très féconde. Il n’y a jamais eu autant de dialogue social et d’accords d’entreprise qu’à cette époque. Avec le recul, on sait néanmoins que si les grandes entreprises en ont largement profité et que les cadres ont été les grands gagnants des 35 heures, cela a été plus difficile pour les plus petites.

    Le choc, à partir de 2003, c’est en effet la stratégie allemande de désinflation compétitive avec la baisse des salaires et la mise en place progressive de nouvelles règles sur le marché du travail. Mais à l’époque, l’Italie et l’Espagne où il n’y a pas de 35 heures perdent beaucoup plus de parts de marché que la France vis-à-vis de l’Allemagne. C’est vrai, la France n’a pas suivi la stratégie allemande de Gerhard Schröder. Mais c’est justement pour cela qu’elle a fonctionné ! Si tout le monde avait suivi l’Allemagne à l’époque, l’Europe entière se serait retrouvée en récession. Le modèle allemand a marché sur le long terme parce qu’il était unique. Mais cela a été très douloureux.

    En 2003, 2004 et 2005, le pays connaît encore une croissance zéro. Ce n’est pas le cas de la France. Une fois le choc des 35 heures absorbé, leur part dans la valeur ajoutée n’a pas augmenté. En réalité, c’est la droite qui, en détricotant une première fois les 35 heures à partir de 2003, a détérioré la compétitivité des entreprises. Rappelez-vous, il y avait alors encore 7 Smic. Lorsque la droite revient au pouvoir à partir de 2002, elle décide de les harmoniser vers le haut d’un seul coup alors qu’il aurait fallu converger beaucoup plus progressivement vers un seul Smic.

    Ce fut une catastrophe pour les entreprises passées tôt aux 35 heures. Défiscaliser les heures sup n’est pas forcément une mauvaise mesure. Mais cela a été fait à un très mauvais moment. Avec la crise de 2008, le chômage est très vite remonté. Or si l’on fait de la bonne régulation conjoncturelle du marché du travail, il faut baisser le temps de travail en bas de conjoncture pour limiter les effets de la crise et l’augmenter en haut de cycle, lorsque cela va mieux.

    Nicolas Sarkozy a fait le contraire. Il aurait fallu très vite geler cette mesure. Les Allemands, eux, ont fait l’inverse en mettant en place des comptes épargne temps, du chômage partiel, ce qui leur a permis d’amortir les effets de la crise. Il faut une durée légale du travail à partir de laquelle s’enclenchent les heures supplémentaires et les Allemands sont d’ailleurs en train de s’inspirer de la France sur ce point.

    Cela me paraît donc une bonne chose que les 35 heures restent la norme. Quant aux accords de branche ou au sein d’entreprises, pourquoi pas, à partir du moment où les partenaires sociaux s’entendent sur une règle commune.

     
  • Quelle réalité?

    Le cancer, une histoire de malchance plus que d’environnement ou de mauvais gènes ? C’est la thèse étonnante de deux chercheurs américains, dont les travaux sont publiés dans la revue Science du 2 janvier. Selon les estimations de Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein (Johns Hopkins Kimmel Cancer Center, Baltimore), les deux tiers de l’incidence des tumeurs malignes de l’adulte relèveraient essentiellement d’un mauvais hasard, rançon de mutations aléatoires survenant lors des divisions des cellules souches.

    Les facteurs de risque classiques (tabac, alcool, alimentation, virus, polluants…) ou une susceptibilité génétique n’interviendraient que dans un tiers des cas. Des cancérologues français soulignent toutefois des limites méthodologiques : les cancers du sein et de la prostate, les plus fréquents, n’ont ainsi pas été étudiés.

    Les deux Américains sont partis d’un constat bien connu: l’incidence des cancers est très variable selon les organes. Ainsi, le risque de se voir diagnostiquer une tumeur maligne au cours de la vie est de 6,9 % pour le poumon ; 0,6 % pour le cerveau ; et seulement 0,00072 % pour les cartilages du larynx. Certes, écrivent-ils, les écarts sont dûs en partie à l’exposition à des substances cancérigènes ou à une susceptibilité génétique, mais cela n’explique pas tout. Pourquoi par exemple les cancers de l’intestin grêle sont-ils 20 fois moins fréquents que ceux du colon ou du rectum ?

    Pour évaluer la part du hasard (effet stochastique) comparativement aux autres facteurs, les chercheurs ont pris en compte la dynamique de renouvellement des cellules souches dans les tissus. On peut en effet supposer que plus le nombre de divisions est élevé, plus le risque de mutations aléatoires et donc de cancer augmente. Le duo a sélectionné 31 cancers où ces données étaient disponibles, et les ont mises en regard de l’incidence de chaque tumeur au cours de la vie dans la population américaine. La corrélation entre le nombre total de divisions des cellules souches dans un organe donné et le risque de survenue d’un cancer dans ce même tissu s’est révélée très nette.

    Par exemple, les cellules souches du colon se divisent quatre fois plus que celles de l’intestin grêle, ce qui éclaire mieux la différence d’incidence de ces deux tumeurs. Finalement, les cancers ont été classés en deux groupes.

    Dans le premier, les 22 cancers (dont ceux du pancréas, les mélanomes, les tumeurs du poumon des non-fumeurs) où le rôle du hasard est prépondérant. Le deuxième correspond aux neuf tumeurs (cancers du côlon, du poumon des fumeurs…) où d’autres facteurs sont clairement impliqués. Même dans ce groupe, la dynamique de renouvellement des tissus joue un rôle « essentiel », les effets de l’environnement et de la génétique ne font que s’ajouter, insistent les auteurs.

    Pour les cancers du premier groupe, des mesures de prévention ont peu de chances d’être efficaces et il est préférable de miser sur le dépistage, proposent-ils. Inversement, la prévention se justifie dans les tumeurs où le rôle de l’environnement est avéré. « C’est une approche séduisante, et leurs graphiques sont impressionnants, souligne le professeur Fabien Calvo (Institut Gustave Roussy), directeur scientifique de Cancer Core Europe, qui fédère six centres européens de recherche sur le cancer. En fait, ces résultats confortent la théorie classique selon laquelle les cancers sont une maladie du vieillissement, puisque les risques sont proportionnels au nombre total de divisions des cellules souches. »

    Le docteur Fabrice Denis, cancérologue au Mans et chercheur associé à l’université de Rouen, est sur la même ligne. « Depuis quelques années, il y a beaucoup d’emphase sur les causes exogènes de cancers, comme la pollution, l’alimentation…, mais ces travaux confirment que ce sont avant tout des maladies des personnes âgées. Ils accréditent aussi l’idée que quand l’espérance de vie progresse rapidement, ce qui a été le cas chez l’humain qui a multiplié la sienne par trois en deux siècles, la biologie ne suit pas ».

    L’inventaire des gènes de prédisposition aux cancers – impliqués dans 5 % à 10 % des cas – est loin d’être terminé, notent cependant les spécialistes français. Surtout, les deux tumeurs les plus fréquentes (sein et prostate) n’ont pas été prises en compte dans l’étude, ce qui pourrait modifier le poids énorme du hasard (65 %, avec un intervalle de confiance large) avancé par les Américains. « Les estimations du nombre de divisions des cellules souches dans ces tissus ne nous semblaient pas fiables, justifie Cristian Tomasetti.

    Par exemple, pour les cancers du sein, ces données sont très controversées et dépendent des facteurs hormonaux. » Les causes de l’augmentation de ces tumeurs sont elles-mêmes sujettes à débat.

    Enfin, le rôle de produits cancérigènes tels le tabac reste majeur : pour le poumon, le risque « spontané » est multiplié par 70. Le tabac est impliqué dans 17 types de cancers, et il est responsable de plus de 20 % de la mortalité par ces maladies dans le monde.

    Une chose est sûre, les sciences mathématiques occupent une place croissante en cancérologie. Fabrice Denis et Christophe Letellier (CNRS, Rouen) ont ainsi récemment publié un modèle fondé sur la théorie du chaos, qui retrouve les différentes dynamiques des cancers en fonction des interactions entre les cellules tumorales et les autres cellules du patient. A la clé, des applications concrètes pour détecter précocement les rechutes. Des essais cliniques sont déjà en cours dans des cancers du poumon.

     
  • La "flexisécurité" danoise peut-elle inspirer Manuel Valls ?

    Manuel Valls a-t-il trouvé l’inspiration au Royaume du Danemark ? Le Premier ministre a été en visite en novembre au Danemark, officiellement pour convaincre le pays de la détermination de la France à se réformer. Le pays est considéré comme le modèle de la « flexisécurité » du marché du travail. Cela tombe à pic pour Manuel Valls, qui a relancé ces dernières semaines le débat sur une réforme de l’assurance-chômage en France.

    Un seul chiffre pourrait convaincre Manuel Valls que le système danois vaut le coup que l’on s’y penche sérieusement :

    •Le Danemark affiche un taux de chômage officiel de 5%, selon les dernières statistiques.

    •En France ? Un nouveau record a été établi jeudi avec 3,46 millions de demandeurs d’emploi sans activité en métropole en octobre. Depuis trois ans et demi, la hausse est quasi continue. Le taux est de 10,5%.

    Avec une culture du consensus, du dialogue social, une social-démocratie à la danoise. Les discussions devraient être intéressantes pour les réflexions politiques du Premier ministre sur l’évolution des partis sociaux-démocrates en Europe ». Qu’est-ce que la « flexisécurité » danoise ?

    Sur le papier, la « flexisécurité » danoise mêle deux concepts : une grande souplesse pour les employeurs et une réelle sécurité pour les salariés. Dans la réalité, le Danemark a une « vision très libérale du marché du travail ». C’est le versant flexible du système :

    •Il n’y a pas de salaire minimum.

    •Les procédures de licenciement sont aussi expéditives qu’aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.

    •Les indemnités de licenciement sont très faibles. Là où le système semble rassurant, c’est sur le côté sécurité, qui est la contrepartie de la flexibilité :

    •Il existe un contrôle strict des demandeurs d’emploi. Dans les « job centers » danois, l’équivalent des agences de Pôle emploi, les chômeurs rencontre leur conseiller tous les deux mois pour faire leur point sur leurs recherches ou pour préparer des entretiens d’embauche. « Un suivi très individualisé et très strict », explique France info.

    •L’indemnisation des demandeurs d’emploi correspond environ à 90% du salaire, avec des plafonds.

    •Les formations sont généreuses pour les chômeurs. C’est le cœur du système. Pour toucher le chômage, il faut chercher activement du travail ou suivre une formation. Et pour proposer des formations qualifiantes, l’Etat danois ne lésine pas sur les moyens : près de 2 % du PIB est consacré aux politiques d’emploi.

    Le « modèle danois », mis en place avec succès dans les années 90 pour contrer le chômage de masse et un Etat-providence lourdement endetté, n’a toutefois pas échappé ces dernières années à la crise économique. Ni aux tours de vis : la durée maximale d’indemnisation du chômage a ainsi été ramenée de 4 à 2 ans.

    Si le pays est souvent acclamé pour sa politique de « flexisécurité », le Danemark « demeure l’un des pays avec la plus forte pression fiscale au monde », fait valoir « Le Monde ». Surtout, deux tiers des Danois travaillent dans la fonction publique ou sont dépendants de l’Etat pour leurs revenus.

     
  • prise de choix dans la "chasse aux tigres"

    Xi Jinping tient parole. Fidèle à son engagement de sonner l’hallali contre les éléments corrompus du Parti communiste chinois (PCC), qu’ils appartiennent à l’élite (les « tigres ») ou à la base (les « mouches »), le président vient d’accrocher un nouveau fleuron à son tableau de chasse : Zhou Yongkang. L’ancien dirigeant de l’appareil sécuritaire chinois, naguère considéré comme l’une des figures les plus puissantes du régime, vient d’être expulsé du PCC et déféré à la justice pour avoir, entre autres, « accepté d’énormes pots-de-vin » et « divulgué des secrets du parti et du pays ». Agé de 71 ans, Zhou Yongkang a longtemps renvoyé l’image d’un homme à la froideur marmoréenne, prêt à tout pour réprimer les « forces hostiles » – terme fourre-tout regroupant pêle-mêle les partisans d’une ouverture démocratique et les militants tibétains. Pour la plupart des observateurs, la disgrâce de ce « grand fauve » résulte avant tout d’une âpre lutte de pouvoir au sommet du PCC, Zhou Yongkang incarnant une faction rivale de celle du chef de l’Etat. Grâce à cette prise de choix, M. Xi vient de prouver l’étendue de son contrôle sur le Parti et de confirmer que nul n’était invulnérable. Jusqu’ici, en effet, les hauts dignitaires du rang de M. Zhou étaient à l’abri de toutes poursuites judiciaires. A présent que les règles ont changé, que va-t-il advenir ? La seule vraie question est de savoir si l’accusé sera condamné à de la prison ou à la peine capitale. Mais il faudra bien plus que cet épisode pour convaincre un peuple chinois sceptique que l’hydre de la corruption va cesser d’étendre ses puissants tentacules…

     
  • Mais les enfants, les enfants ?

    « Comment justifier leur souffrance ? C’est un problème que je n’arrive pas à résoudre.» Personne n’a jamais pu répondre à cette question de Dostoïevski ; aucune idéologie, aucune religion ne peut expliquer, ne peut justifier cette absolue barbarie de dizaines d’écoliers tués, certains d’une balle dans la tête. Les talibans sont des récidivistes. Ce sont eux qui ont voulu assassiner Malala, prix Nobel de la paix, coupable à leurs yeux d’être une fille et de vouloir étudier ; ce sont eux qui depuis des années détruisent les écoles et tuent les écolières ; ce sont eux qui pourchassent et assassinent les équipes médicales qui vaccinent contre la polio.

    L’horreur, l’inhumanité au nom d’une vision avilie et fallacieuse de leur foi. Cette abjection des islamistes ne doit pas empêcher de s’interroger sur le Pakistan, «pays des purs», devenu un Etat failli. L’armée qui aujourd’hui mène une offensive violente contre les talibans est la même qui, des années durant, a soutenu et nourri les «étudiants en théologie» et qui continue d’entretenir des relations ambiguës avec les terroristes islamistes. Comme le dit l’adage, au Pakistan, ce n’est pas un pays qui a une armée, mais une armée qui a un pays. Un pays que les militaires continuent de diriger et de contrôler de facto avec l’assentiment des pays occidentaux, notamment des Etats-Unis. Les généraux ont fait du Pakistan un pays corrompu jusqu’aux centres du pouvoir, entretenant la misère, les inégalités et les iniquités envers les femmes. La lutte contre l’islamisme doit être aussi un combat contre les injustices.

     
  • Gauchers…

    Les gauchers sont moins payés S’intéressant aux populations américaine et britannique, un professeur de Harvard a publié dans le Journal of Economic Perspectives une étude qui analyse la situation des gauchers, dans un monde faisant la part belle aux droitiers. Conclusion : ceux-ci touchent en moyenne un salaire 12 % moins élevé que les droitiers et achèvent moins souvent leurs études. Mais ils sont plus brillants en sport et dans les domaines artistiques.

     
  • Dommages collatéraux

    Les exigences du Fonds monétaire international (FMI) en matière de rigueur budgétaire ont affaibli les systèmes de santé des pays africains les plus durement frappés par le virus Ebola. Elles ont aussi empêché une réponse coordonnées pour lutter contre l’épidémie, affirment des chercheurs du département de sociologie de l’Université de Cambridge, de l’Université d’Oxford et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, sur le site Internet de la revue The Lancet.

    Selon ces experts, les programmes de réformes exigés par l’organisation ont ralenti le développement de services de santé efficaces en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, épicentres du virus qui a fait plus de 7 370 morts en un an. Or, une des principales raisons de la rapidité de l’expansion de l’épidémie étant justement « la faiblesse des systèmes de santé dans la région », a souligné le principal auteur de l’étude, le sociologue de Cambridge, Alexander Kentikelenis. « Les programmes, dont le FMI s’est fait l’avocat, ont contribué aux problèmes de manque de moyens financiers et de personnels et au manque de préparation des systèmes de santé dans les pays frappés par Ebola. »

    Les chercheurs ont passé en revue les politiques mises en œuvre par le Fonds monétaire avant l’épidémie en utilisant des données fournies par les programmes de prêts financiers accordés par l’institution entre 1990 et 2014. Ils ont ensuite analysé leurs effets en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. Selon eux, les systèmes de santé ont été affaiblis par les exigences de réformes économiques et de réduction des dépenses publiques et des salaires dans la fonction publique, et de décentralisation des systèmes de santé. « En 2013, juste avant l’éruption d’Ebola, les trois pays ont été confrontés aux directives économiques du FMI, et aucun n’a pu augmenter ses dépenses sociales malgré des besoins pressants dans le domaine de la santé », ont estimé les chercheurs.

    Un porte-parole du FMI a rétorqué que le mandat de l’organisation n’incluait pas spécifiquement le domaine de la santé et qu’il était « totalement faux » d’affirmer que la propagation d’Ebola était une conséquence de la politique de l’institution. « De telles accusations sont basées sur un malentendu, et dans certains cas sur une déformation des politiques économiques pratiquées par le FMI », a-t-il poursuivi.

    « Depuis 2009, des prêts accordés à des pays à faible revenu l’ont été sans taux d’intérêt ce qui a libéré des ressources disponibles pour des pays désireux de dépenser plus dans les domaines de la santé et de l’éducation », a ajouté le porte-parole. Il a également souligné que le FMI avait fourni une aide financière de 130 millions de dollars en septembre dans le cadre de la lutte contre Ebola et qu’il envisageait de fournir une somme similaire à la Guinée, au Liberia et au Sierra Leone l’année prochaine.

     
  • Dommages collatéraux

    Les exigences du Fonds monétaire international (FMI) en matière de rigueur budgétaire ont affaibli les systèmes de santé des pays africains les plus durement frappés par le virus Ebola. Elles ont aussi empêché une réponse coordonnées pour lutter contre l’épidémie, affirment des chercheurs du département de sociologie de l’Université de Cambridge, de l’Université d’Oxford et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, sur le site Internet de la revue The Lancet.

    Selon ces experts, les programmes de réformes exigés par l’organisation ont ralenti le développement de services de santé efficaces en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, épicentres du virus qui a fait plus de 7 370 morts en un an. Or, une des principales raisons de la rapidité de l’expansion de l’épidémie étant justement « la faiblesse des systèmes de santé dans la région », a souligné le principal auteur de l’étude, le sociologue de Cambridge, Alexander Kentikelenis. « Les programmes, dont le FMI s’est fait l’avocat, ont contribué aux problèmes de manque de moyens financiers et de personnels et au manque de préparation des systèmes de santé dans les pays frappés par Ebola. »

    Les chercheurs ont passé en revue les politiques mises en œuvre par le Fonds monétaire avant l’épidémie en utilisant des données fournies par les programmes de prêts financiers accordés par l’institution entre 1990 et 2014. Ils ont ensuite analysé leurs effets en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. Selon eux, les systèmes de santé ont été affaiblis par les exigences de réformes économiques et de réduction des dépenses publiques et des salaires dans la fonction publique, et de décentralisation des systèmes de santé. « En 2013, juste avant l’éruption d’Ebola, les trois pays ont été confrontés aux directives économiques du FMI, et aucun n’a pu augmenter ses dépenses sociales malgré des besoins pressants dans le domaine de la santé », ont estimé les chercheurs.

    Un porte-parole du FMI a rétorqué que le mandat de l’organisation n’incluait pas spécifiquement le domaine de la santé et qu’il était « totalement faux » d’affirmer que la propagation d’Ebola était une conséquence de la politique de l’institution. « De telles accusations sont basées sur un malentendu, et dans certains cas sur une déformation des politiques économiques pratiquées par le FMI », a-t-il poursuivi.

    « Depuis 2009, des prêts accordés à des pays à faible revenu l’ont été sans taux d’intérêt ce qui a libéré des ressources disponibles pour des pays désireux de dépenser plus dans les domaines de la santé et de l’éducation », a ajouté le porte-parole. Il a également souligné que le FMI avait fourni une aide financière de 130 millions de dollars en septembre dans le cadre de la lutte contre Ebola et qu’il envisageait de fournir une somme similaire à la Guinée, au Liberia et au Sierra Leone l’année prochaine.

     
  • Des chiffres non comparables

    Près de 98 milliards d’euros. C’est la différence entre le Produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni et de la France. Un écart qui relègue l’Hexagone au rang de 6e puissance économique mondiale, selon des chiffres publiés par la Commission européenne et repérés par « Le Figaro » mardi 6 janvier.

    En 2014, le PIB du Royaume-Uni s’établit à 2.232 milliards d’euros. Celui de la France à 2.134 milliards. « Il s’agit bien sûr encore d’une estimation », rappelle « Le Figaro ». Mais « cette évaluation comptable, qui marque une différence de près de 4,5 % entre les deux pays, ne sera en aucun cas remise en cause lors de la publication définitive des bilans 2014 dans quelques semaines », croit savoir le quotidien. Les chiffres du Fonds monétaire international (FMI), disponibles sur le site du quotidien économique « Les Echos », disent, eux, autre chose : la France devance toujours le Royaume-Uni pour 2014.

    Pourquoi la France a-t-elle perdu sa place de 5e puissance économique mondiale selon la commission européenne ?

    1La croissance

    En 2013, le PIB du Royaume-Uni était inférieur de 97 milliards d’euros, avec 2.017 milliards d’euros, à celui de la France, 2.114 milliards d’euros. Comment les britanniques ont-ils pu rattraper leur retard ? En bénéficiant d’une croissance en volume de 3 % en 2014. Ce qui a permis au Royaume-Uni de faire progresser son PIB de 60 milliards d’euros environ. Et la France ? Selon l’Insee, en décembre dernier, la croissance du PIB français s’est établie à 0,3% au troisième trimestre, faisant suite à un recul de 0,1% au deuxième trimestre. Et pour l’ensemble de l’année 2014, le FMI attend 0,4% de croissance. C’est peu.

    2L’inflation

    Deuxième élément d’explication, explique « Le Figaro » : l’inflation britannique. Cette dernière « a été de l’ordre de 1,5 % », « d’où à nouveau une augmentation de 30 à 40 milliards d’euros », selon le quotidien. En France, l’inflation n’était que de 0,4% en 2014.

    3L’euro contre la livre sterling

    Troisième élément : la revalorisation de la livre sterling. Elle progresse de 5,4 % vis-à-vis de l’euro. « Ce qui a permis de gonfler le PIB des Britanniques d’environ 126 milliards d’euros », explique « Le Figaro ». Soit un montant supérieur au différentiel entre les économies française et britannique.

    4La drogue et la prostitution au service des Britanniques ?

    Un quatrième élément peut expliquer la croissance du PIB du Royaume-Uni : la drogue et la prostitution. Selon l’Office national des statistiques britannique (ONS), ces deux éléments avaient contribué au PIB pour quelque 8,5 milliards de livres (10,9 milliards d’euros) sur un total de 1.713 milliards de livres (2.193 milliards d’euros) en 2013. Une porte-parole de l’ONS avait alors précisé que la drogue et la prostitution représentaient environ 0,5 % de la « richesse » produite du pays.

    En France ? L’Insee n’entend pas comptabiliser le trafic de drogue et la prostitution dans le calcul du PIB, refusant de se conformer aux nouvelles règles européennes.

     
  • 50,28 dollars

      C’est le prix atteint par le baril de pétrole brut cette nuit, à New York. Lundi, il était descendu sous les 50 $, le plus bas niveau depuis près de six ans. En juin dernier, il plafonnait à 106 $. Le prix du baril de brent est, lui aussi, très bas, à 53,50 $.

    C’est surtout une chance extraordinaire pour la France, car, combiné avec la baisse historique de l’Euro, celà redonne du pouvoir d’achat aux français et booste nos exportations. Si l’investissement des entreprises reprend, 2015 devrait permettre de renouer avec la croissance et donc de recréer des emplois.

     
  • 636 millions

     C’est, en euros,le montant de la fraude détectée en 2013 par les organismes de Sécurité sociale, soit une augmentation de 13 % par rapport à 2012. Le bilan dressé par Bercy, et publié dimanche par Les Echos, évalue à 174 millions d’euros les fraudes à l’Assurance- maladie (+ 12 %).

     
  • l’ignoble est possible contre la démocratie

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  • Un million de dollars……

    Chaque traversée d’un navire comme l’Ezadeen ou le Blue Sky M, secourus ces derniers jours au large de l’Italie alors qu’ils transportaient des centaines de migrants clandestins, peut rapporter très gros. Près de 900 migrants se trouvaient à bord du cargo moldave “Blue Sky M” abandonné en pleine mer par son équipage, et secouru le 31 décembre 2014 par la marine italienne.

    Plus d’un million de dollars : c’est ce que rapporterait aux trafiquants le voyage d’un seul gros cargo de clandestins en route pour l’Europe. Soit l’équivalent de 832.000 euros. C’est l’estimation communiquée vendredi 2 janvier par l’Organisation internationale des migrations. Selon un porte-parole de cette organisation basée à Genève (Suisse), les trafiquants recourent depuis peu à de gros cargos pour transporter les migrants clandestinement en Europe, ce qui leur permet de faire « des économies d’échelle ». Et de rapporter gros.

    Nous avons des informations selon lesquelles les migrants payent entre 1.000 et 2.000 dollars par personne, ce qui signifie que ceux qui sont derrière un cargo tel que le Blue Sky M, qui a été acheté 200 000 dollars [abandonné au large de l’Italie, NDLR] ont encaissé plus d’un million de dollars pour un seul voyage, explique t-il. »De quoi payer l’équipage, son évacuation et sans doute des pots-de-vin qui pourraient être utiles pour une prochaine opération », ajoute le porte-parole.

    Toujours selon l’Organisation internationale des migrations, « des villes entières sont en train d’être évacuées en Syrie, ce qui représente des milliers de migrants chaque mois ». Ce recours à des bâtiments beaucoup plus gros, qui permettent d’entasser des centaines de candidats à l’immigration illégale, n’est pas nouveau, souligne pour autant l’association France terre d’asile.

    « On l’oublie souvent, mais la France a déjà eu à faire à ce genre de situation », rappelle Pierre Henry, directeur général de l’association à « l’Obs ». En 2001 près de Fréjus, un cargo avec 900 kurdes à bord s’était échoué. »

    Cette semaine, deux cargos remplis de migrants pour la plupart syriens ont été interceptés par la marine italienne. Près de 800 migrants ont été abandonnés par l’équipage du Blue Sky M, battant pavillon moldave, et sauvés mercredi par des garde-côtes italiens. Ce vendredi, c’est un cargo transportant 450 migrants qui a été secouru alors qu’il dérivait au large de la Calabre (sud de l’Italie). L’Italie est confrontée depuis plusieurs années à un afflux croissant de clandestins qui tentent de gagner l’Europe par la Méditerranée au péril de leur vie, au rythme d’environ 400 arrivées par jour. Plus de la moitié sont des Syriens ou des Erythréens.

     
  • 19e

    La Lituanie a adopté dans la nuit du 31 décembre, l’euro, la monnaie commune de l’Union européenne, et devient ainsi le 19e pays membre à rentrer dans la zone euro. Environ 337 millions d’Européens partagent désormais la même monnaie, a souligné la Commission européenne.

    L’Euro fait encore rêver et les pays Baltes sont en première ligne, puisque l’Estonie va prendre la présidence de l’Union pour les 6 mois à venir. Face aux appétits de Poutine, L’Europe apparait comme le meilleur rempart.

     

     
  • Voeux présidentiels

    Dans ses vœux pour 2015, le chef de l’Etat, François Hollande, s’est fait hier soir le chantre de la réforme, de l' »audace » et de la « confiance » face aux conservatismes et aux populismes, se gardant toutefois de toute promesse ou annonce majeure après une année 2014 qualifiée de « rude ». « Nous avons toutes les raisons d’avoir confiance en nous mais à une condition : avancer, faire preuve d’audace, refuser le statu quo, écarter la régression », a-t-il lancé. « J’ai tenu bon et suivi fermement le cap que je m’étais fixé », a-t-il martelé, prônant la « persévérance », la « constance » et le « travail dans la durée », une manière aussi de rester dans la course pour la présidentielle de 2017.

    Reparti à la conquête de l’opinion, François Hollande, dont la cote a connu un léger rebond en décembre, a tenté ainsi de refermer sur une note d’espoir une année 2014 qui, de son propre aveu, a été « rude et jalonnée d’épreuves de toutes sortes ». A l’orée d’une année qui verra les Français voter aux élections départementales en mars et régionales en décembre, le chef de l’Etat socialiste a dit son intention de mener « jusqu’au bout » le combat « contre les conservatismes et les populismes ».