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Le tatouage, l’art dans la peau

Le tatouage s’est démocratisé. Ceux qui l’ont dans la peau viennent de tous les horizons sociaux, de tous les âges. On est loin de la bousille (tatouage, en argot). On est loin des tavernes de marins, loin de Biribi, loin des bagnes où l’on encrait à la diable. Ancres de marine, poignards et autres roses plus ou moins suggestives ont cédé aux motifs maoris, aux dauphins et aux lettrages vendus sur catalogue. Le tatouage s’est démocratisé, féminisé, standardisé. Il n’est plus la marque indélébile du dur à cuire, du vrai de vrai. « Avant, le tatouage était mal vu, explique Nicolas Barusseau, tatoueur installé rue Lazare-Carnot. Maintenant, c’est de l’art. » Et en l’espace de vingt ou trente ans, l’art du tatoo a évolué, « le matériel a changé, ajoute le tatoueur stéphanais. On devient plus créatif mais sur une peau, on ne peut pas faire n’importe quoi. On a des règles, un syndicat, des normes d’hygiène, des contrôles sanitaires, des stages obligatoires ».
Un sondage Ifop de 2010 assurait que 10% des Français seraient tatoués. Ils seraient 20% dans la tranche d’âge des 25-34 ans. Mais le sondage est contesté, « on ne peut pas savoir », prévient Élise Müller, socio-anthropologue et auteure d’ »Une anthropologie du tatouage contemporain » (L’Harmattan, 2013). « L’image sociale des personnes tatouées a changé, assure-t-elle. Ce n’est plus
le tatouage de la marginalité, ce qu’on appelait la “bousille”. On pense maintenant aux corps parfaits et séduisants des sportifs de haut niveau, des acteurs, de personnes qui ont une place confortable dans la société, des personnes qui assument ce qu’elles sont. Cela incite les personnes à les imiter. Mais le tatouage est encore un peu transgressif, il y a toujours des gens qui y sont opposés, qui ont des jugements contre. »
N’importe quelle plage en été dévoile en effet que le phénomène du tatouage dépasse une personne sur dix… même si l’Académie de médecine ne semble pas l’avoir bien mesuré. Cette société savante attribuait, en 2007, la pratique du tatoo à une « mauvaise intégration sociale » et à un « souci d’amélioration de l’image de soi », à une « précocité des rapports sexuels avec grand nombre de partenaires, homosexualité, usage de drogues et consommation d’alcool ».
« Des vieux c… », répond, lapidaire, Jérôme Pierrat, le rédacteur en chef de Tatouage Magazine. Le tatouage, en se démocratisant, a pris une autre dimension, une autre signification. « Dans notre société où tout est transitoire, éphémère, reprend Élise Müller, devant cette possibilité permanente de revenir en arrière qui nous encourage à ne pas nous engager définitivement, pas mal de gens se font tatouer pour poser des jalons définitifs et durables. »
Et ces jalons sont souvent le fruit d’une longue maturation, d’une « introspection », explique la socio-anthropologue. C’est du moins ce que confirme Frédéric Goude, client de Nicolas Barusseau. « Ça a toujours été un rêve pour moi, et puis, à 46 ans, je me suis lancé. Je veux faire les deux bras, et peut-être les tibias, le dos… Il faut savoir ce qu’on fait, on l’a à vie, ce n’est pas quelque chose à faire à la légère. » Agent commercial, Frédéric Goude a confié son projet à Nicolas Barusseau en toute confiance. « C’est le bouche-à-oreille qui m’a convaincu de venir ici et de réaliser mon rêve. »

Le tatouage s’est démocratisé. Ceux qui l’ont dans la peau viennent de tous les horizons sociaux, de tous les âges. On est loin de la bousille (tatouage, en argot). On est loin des tavernes de marins, loin de Biribi, loin des bagnes où l’on encrait à la diable. Ancres de marine, poignards et autres roses plus ou moins suggestives ont cédé aux motifs maoris, aux dauphins et aux lettrages vendus sur catalogue. Le tatouage s’est démocratisé, féminisé, standardisé. Il n’est plus la marque indélébile du dur à cuire, du vrai de vrai. "Avant, le tatouage était mal vu, explique Nicolas Barusseau, tatoueur installé rue Lazare-Carnot. Maintenant, c’est de l’art." Et en l’espace de vingt ou trente ans, l’art du tatoo a évolué, "le matériel a changé, ajoute le tatoueur stéphanais. On devient plus créatif mais sur une peau, on ne peut pas faire n’importe quoi. On a des règles, un syndicat, des normes d’hygiène, des contrôles sanitaires, des stages obligatoires".
Un sondage Ifop de 2010 assurait que 10% des Français seraient tatoués. Ils seraient 20% dans la tranche d’âge des 25-34 ans. Mais le sondage est contesté, "on ne peut pas savoir", prévient Élise Müller, socio-anthropologue et auteure d’"Une anthropologie du tatouage contemporain" (L’Harmattan, 2013). "L’image sociale des personnes tatouées a changé, assure-t-elle. Ce n’est plus
le tatouage de la marginalité, ce qu’on appelait la “bousille”. On pense maintenant aux corps parfaits et séduisants des sportifs de haut niveau, des acteurs, de personnes qui ont une place confortable dans la société, des personnes qui assument ce qu’elles sont. Cela incite les personnes à les imiter. Mais le tatouage est encore un peu transgressif, il y a toujours des gens qui y sont opposés, qui ont des jugements contre."
N’importe quelle plage en été dévoile en effet que le phénomène du tatouage dépasse une personne sur dix… même si l’Académie de médecine ne semble pas l’avoir bien mesuré. Cette société savante attribuait, en 2007, la pratique du tatoo à une "mauvaise intégration sociale" et à un "souci d’amélioration de l’image de soi", à une "précocité des rapports sexuels avec grand nombre de partenaires, homosexualité, usage de drogues et consommation d’alcool".
"Des vieux c…", répond, lapidaire, Jérôme Pierrat, le rédacteur en chef de Tatouage Magazine. Le tatouage, en se démocratisant, a pris une autre dimension, une autre signification. "Dans notre société où tout est transitoire, éphémère, reprend Élise Müller, devant cette possibilité permanente de revenir en arrière qui nous encourage à ne pas nous engager définitivement, pas mal de gens se font tatouer pour poser des jalons définitifs et durables."
Et ces jalons sont souvent le fruit d’une longue maturation, d’une "introspection", explique la socio-anthropologue. C’est du moins ce que confirme Frédéric Goude, client de Nicolas Barusseau. "Ça a toujours été un rêve pour moi, et puis, à 46 ans, je me suis lancé. Je veux faire les deux bras, et peut-être les tibias, le dos… Il faut savoir ce qu’on fait, on l’a à vie, ce n’est pas quelque chose à faire à la légère." Agent commercial, Frédéric Goude a confié son projet à Nicolas Barusseau en toute confiance. "C’est le bouche-à-oreille qui m’a convaincu de venir ici et de réaliser mon rêve."