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Expulsées de Roubaix, des familles Roms relogées au Havre

Le mardi 3 mars 2015, plusieurs familles Roms ont été délogées d’un bidonville de Roubaix. Elles ont été accueillies au Havre, dans des logements sociaux appartenant à Adoma.

(LB)
Au Havre, plusieurs familles de Roms avaient été évacuées du site désaffecté de l'ancienne Université de Caucriauville, fin 2014 (LB)

Mercredi 4 mars 2015, Nord Éclair annonçait que plusieurs familles Roms, qui squattaient dans un bidonville sur le camp des Couteaux, à Roubaix, dans le Nord, avaient retrouvé un logement, au Havre (Seine-Maritime). Une information confirmée à Normandie-actu par le directeur territorial d’Adoma. Explications.

Délogées à Roubaix

Cela fait environ cinq ans que plusieurs familles Roms ont élu domicile sur le terrain de la SEM Ville, au camp des Couteaux, entre Roubaix, Wattrelos et Tourcoing. La longue bataille juridique entre les associations et les propriétaires du terrain – premier jugement en 2012 – a finalement donné raison aux habitants du camp. Il a été convenu, le mardi 3 mars 2015, que seulement deux habitations du camp,  (des « cabanes ») seraient détruites.

Hébergées au Havre

Les autres familles du camp pouvant y conserver, pour l’heure, des habitations temporaires. Au total, une petite dizaine de familles ont dû quitter le camp. Parmi les familles délogées, « deux ou trois ont trouvé un logement », grâce à l’Adoma (entreprise proposant des logements sociaux), au Havre, « deux à trois autres ont été envoyées à Besançon (Doubs) », explique Vincent Boutry, membre de lUniversité populaire et citoyenne de Roubaix.

Il reste encore 12 familles sur place mais quelques-unes ont effectivement été envoyées au Havre et à Besançon pour être relogées. Nous sommes plutôt satisfaits car nous avons gagné en appel et  l’ensemble du camp n’a pas été détruit… Le problème reste que ces familles sont vraiment mal-aimées par les populations. Roubaix est aussi une ville pauvre, et d’autres personnes cherchent à se loger. Pourtant, je pense qu’en France, nous avons la pleine capacité de pouvoir accueillir ces populations », insiste Vincent Boutry.

Une victoire juridique qui est donc relativisée par Vincent Boutry, qui rappelle que la présence des bidonvilles « cristallise les préjugés culturels ».

Quatre logements vacants au Havre

Contacté par Normandie-actu, le directeur territorial Normandie d’Adoma, Thierry Decultot, a confirmé l’arrivée de familles, entre les mardi 3 et mercredi 4 mars 2015, dans quatre de ses logements sociaux, dans le quartiers des Neiges, au Havre :

Effectivement, nous avons accueilli quatre ménages, entre les 3 et 4 mars 2015, dans quatre de nos logements vacants. Tous viennent du département du Nord. C’est une demande qui a été faite par l’État, dans le cadre de notre plan national de résorption des bidonvilles », détaille le directeur.

« Une sollicitation de l’État »

En revanche, le directeur a souhaité préciser que les familles relogées n’étaient pas « obligatoirement des familles Roms », et qu’il s’agissait avant tout de personnes qui vivaient dans des « squats » ou des bidonvilles. « Je ne peux pas vous affirmer que ce sont des Roms », a-t-il indiqué. Les familles qui ont été délogées des camps de Roubaix ont bien été placées dans des logements sociaux du Havre, appartenant à Adoma (dont le premier actionnaire est l’État), sur « sollicitation directe de l’État »..
Concernant les familles de Roms, qui n’avaient pas trouvé de foyers après leur expulsion du site de l’ancienne Université du Havre, fin 2014, le directeur s’explique :

Nous ne répondons qu’aux sollicitations émanant de l’État, et nous n’avons pas été sollicités pour reloger les familles du site de l’Université du Havre. Il y a d’abord une phase de diagnostic des campements illicites, puis, ensuite, il y a un éventuel relogement. Toutes les familles ne sont pas forcément redirigées dans un appartement. Ces familles sont relogées ici car nous disposions de quatre places vacantes.

Relogées pour une année

Les familles accueillies dans le quartier des Neiges, disposeront de ces logements pour une durée d’un an. Un accompagnement, « social et sanitaire, mais aussi d’aide à l’emploi, de régularisations administratives » leur sera proposé pendant cette durée. « C’est une opération ponctuelle, qui ne sera certainement pas renouvelée », a assuré Thierry Decultot. Au total, Adoma dispose, au Havre, de 100 logements locatifs. L’entreprise, qui travaille également avec le Samu Social et les associations du Havre dispose de ses propres travailleurs sociaux pour prendre en charge la totalité des personnes accueillies.