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Sivens : le conseil général choisit un projet de barrage

 plus petit que le projet initial controversé
Le Monde.fr |le 06.03.2015 | Par Rémi Barroux (Envoyé spécial à Sivens)

A Sivens, le 5 mars 2015.

image: http://s2.lemde.fr/image/2015/03/05.Christian Bellavia/ Divergence

C’est à un vote sans enthousiasme et sans passion que se sont livrés, vendredi 6 mars à Albi, les conseillers généraux du Tarn. A la quasi-unanimité, […]

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 plus petit que le projet initial controversé

Le Monde.fr |le | Par Rémi Barroux (Envoyé spécial à Sivens)

A Sivens, le 5 mars 2015.
A Sivens, le 5 mars 2015.

image: http://s2.lemde.fr/image/2015/03/05.Christian Bellavia/ Divergence

C’est à un vote sans enthousiasme et sans passion que se sont livrés, vendredi 6 mars à Albi, les conseillers généraux du Tarn. A la quasi-unanimité, par 43 sur 46, ils ont accepté, pour nombre d’entre eux à contrecœur, l’abandon du projet de barrage initial dans la forêt de Sivens.

Droite comme socialistes et radicaux ont soutenu la proposition du président du conseil général Thierry Carcenac de « réaffirmer la nécessité de réaliser une retenue redimensionnée dans la vallée du Tescou, de dire que cette retenue se fera sur la zone de projet ». Seuls trois conseillers ont voté contre : Roland Foissac et Serge Entraygues (PCF), et un écologiste, Jacques Pagès.

Chacun a justifié son ralliement à la position de M. Carcenac, à deux semaines des élections départementales, où la moitié des conseillers ne se représentent pas. En adoptant le scénario d’une retenue moins importante (750 000 m3 au lieu du 1,5 million de m3 du projet controversé initial), en amont du premier site, les conseillers ont voulu trouver une sortie à la crise et à la tension maximale perceptible sur la zone.

Les conseillers généraux ont surtout affirmé avec force déclarations l’exigence que « l’État procède sans délai à l’expulsion des occupants sans droit ni titre ». A l’heure du vote, vers 11 heures, les pourparlers avaient commencé sur la « ZAD » (« zone à défendre ») de Sivens, non loin de Gaillac, entre gendarmes et occupants. Certains d’entre eux semblent avoir accepté un départ, encadré, sans contact avec les centaines d’agriculteurs et autres soutiens des militants favorables au barrage qui encerclent la ZAD. L’évacuation pourrait avoir lieu dans la foulée, dès ce vendredi : à midi, les gendarmes ont pénétré dans la zone sud de la ZAD.

Scénario pas encore écrit

A Albi, dans la salle du conseil général, Paul Salvador (UMP, Castelnau-de-Montmiral), a traduit un sentiment assez répandu, notamment dans la tribune du public où de nombreux agriculteurs sont venus écouter le débat, en assurant que le scénario n’était pas encore écrit : « Je vote pour le texte du président, mais pas pour la proposition 1 des experts [une retenue de moindre importance, 750 000 m³, située quelque 300 mètres en amont du site initial]. Si l’on rouvre la discussion, je ne tiens pas à ce qu’on positionne déjà la digue, et qu’on chiffre le volume de la retenue », a-t-il dit.

D’aucuns pourraient espérer que la nouvelle proposition qui ne précise pas, il est vrai, l’emplacement de la future digue (à 300, 200 ou 50 mètres du site initial) ni le volume exact de la retenue, permette d’en revenir quasiment au premier scénario. Au grand dam des rares opposants qui, comme Roland Foissac (PCF), auraient préféré « acter sans faux-fuyant que ce projet de barrage n’avait plus de raison d’être ». Hostile aussi, depuis le début, au barrage, Jacques Pagès, écologiste, a estimé qu’en votant la nouvelle version de la retenue d’eau sur le Tescou, « on continuait à persévérer dans l’erreur ». Disant soutenir « une agriculture paysanne qui respecte les terres », il a rejeté le texte de M. Carcenac.

La solution d’un barrage plus petit devrait épargner 7 hectares de zones humides, soit un peu plus de la moitié de la surface visée initialement. L’autre solution proposée par les experts, jugée plus coûteuse et plus longue à mettre en œuvre, consistait en un ensemble de trois retenues latérales ou collinaires, dont une à Sivens, et les deux autres à proximité.

Colère contre « le monde parisien »

Si le débat, ce vendredi matin, n’a pas modifié les rapports de force, il a donné l’occasion à de nombreux conseillers d’exprimer leur colère ou leur ressentiment à l’endroit de « Paris », du gouvernement ou, plus précisément encore, de la ministre de l’écologie Ségolène Royal qui, selon les mots du président, a fortement « contraint » le choix du conseil général.

« Je me mets en colère contre certains ministres – c’est au singulier qu’il faut l’entendre – qui ont cherché un moyen pour séduire encore plus la presse », a ainsi proclamé Jacques Valax (PS), provoquant des rires entendus. Disant avoir reçu 3 680 mails d’opposants au barrage, dont « trois seulement émanaient de Tarnais », l’élu a stigmatisé « le monde parisien – qui commence au nord de la Garonne –, qui s’est accaparé ce dossier, n’a pas compris la nécessité du barrage et le besoin d’eau des terres ».

Favorable au projet initial du président Carcenac lui-même, comme la quasi-unanimité des présents, Jacques Valax s’est tout de même rangé à la proposition soumise au vote. L’étape du conseil général étant désormais franchie, l’ordre d’évacuation de la ZAD a été donné par le ministère de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. Les forces de gendarmerie, plus de 300 hommes appuyés par des spécialistes des évacuations délicates et des désincarcérations venus de Paris (la Cellule nationale d’aide à la mobilité), ont reçu le renfort de quatre compagnies de CRS, quelque 250 hommes.

Sur place à Sivens, le porte-parole du ministère de l’intérieur, Pierre-Henry Brandet, et le préfet, Thierry Gentilhomme, suivent les événements de très près. Le souvenir de la mort de Rémy Fraisse, jeune écologiste tué, le 26 octobre 2014, par une grenade tirée par un gendarme, est dans toutes les têtes.

Jeudi, alors que la situation sur place restait très tendue entre partisans et opposants au barrage, le ministre de l’intérieur et le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin, avaient appelé au calme sur la zonne de Sivens.

 

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