« Du jamais vu en 15 ans ! » Les salariés de France 3 Baie de Seine, édition locale du Havre (Seine-Maritime), ne décolèrent pas. Ils sont encore sous le choc de l’annonce faite, vendredi 20 février 2015, lors du comité d’entreprise de la direction de France 3 Nord-Ouest, à Rennes (Ille-et-Vilaine) : l’édition devra cesser toute activité pendant les vacances de printemps, du 25 avril au 10 mai 2015. La CGT dénonce « un coup de poignard dans le dos ». Le syndicat annonce un mouvement de grève, mercredi 11 mars 2015, associant les salariés de France 3 Baie de Seine et ceux de France 3 Haute-Normandie, implantés à Rouen (Seine-Maritime), qui soutiennent leurs collègues du Havre.
« C’est presque une trahison ! »
Les cadres de France 3 Baie de Seine ont été les premiers surpris. Ils n’ont jamais été tenus informés de ce projet. Ils l’ont découvert seulement lors de son annonce. C’est presque une trahison. On connaît les envies de rationalisation des dépenses de notre groupe, mais on ne comprend pas ce choix, alors qu’une réflexion sur le devenir des éditions locales vient seulement d’être engagée à l’intérieur de l’entreprise, peste Danilo Commodi, délégué syndical CGT.
Interrompre son antenne à l’occasion des vacances scolaires, c’est une première pour l’édition France 3 Baie de Seine, qui fêtera ses 15 ans d’existence, le samedi 4 avril 2015.
On nous explique qu’il faut favoriser la prise de congés des salariés pendant cette période de basse activité. Le groupe fait donc le choix de faire des économies sur le cœur du métier. C’est une aberration. On refuse cet argument comptable qui ne tient pas face à la mission de service public qu’est l’information de proximité, tempête le représentant syndical.
Les téléspectateurs plébiscitent l’édition Baie de Seine
Les 12 salariés de l’édition du Havre ont donc décidé de frapper un grand coup, en déposant un préavis de grève.
On ne veut pas attendre un autre mauvais tour de la direction. Par le passé, il y a déjà eu des velléités d’imposer aux locales l’arrêt de leur programmation pendant les grandes vacances scolaires. Nous ne voudrions pas que cette envie refasse surface. »
La crainte des équipes concernées est de voir s’imposer, à terme, une fusion de l’édition locale avec l’édition régionale. Une fusion qui ne semble pas être du goût des téléspectateurs.
Une étude qualitative commandée par France 3 a analysé récemment quatre éditions locales sur tout le territoire, dont Baie de Seine. Les téléspectateurs interrogés y expriment leur confiance, leur fidélité et leur attachement. Et leur refus de voir Baie de Seine fusionner dans le journal régional. Cette étude est tellement favorable aux locales que la direction de France 3 l’a cachée au fond d’un tiroir pendant des mois, avant que la CGT ne la déniche et la diffuse », argumente le syndicaliste.
Un mouvement régional s’annonce
France Télévisions : les syndicats inquiets de la nouvelle feuille de route de l’État http://t.co/uWAxj1Fq4r via @Le_Figaro
— Philippe Larroque (@Philarroque) 6 Mars 2015
Des salariés de l’antenne régionale de France 3 Haute-Normandie, un peu plus d’une centaine, seront aux côtés des équipes Baie de Seine, mercredi 11 mars 2015. La diffusion des programmes devrait être considérablement perturbée. Peut-être même sera-t-elle tout simplement suspendue.
Le 15 janvier 2015, en Basse-Normandie, le journal télévisé de 12h n’avait pas été diffusé sur France 3 Basse-Normandie. Les salariés en grève exprimaient leurs craintes face à la réunification de la Haute et la Basse-Normandie qui, supposaient-ils, serait susceptible d’entraîner une fusion des deux antennes normandes de la chaîne, basées respectivement à Rouen (Seine-Maritime) et à Caen (Calvados).