Depuis février 2015, le syndicat autonome FAFPH (Fédération autonome de la fonction publique hospitalière) du Centre hospitalier du Cotentin de Cherbourg (Manche) proteste contre les conditions de travail, et notamment contre le manque de personnel aux urgences – en grève dite « illimitée » depuis le 7 février – mais aussi du service de réanimation. Un appel au secours qui s’est traduit par une réponse à laquelle les syndicats ne s’attendaient pas : près de 200 emplois seraient menacés dans l’établissement.
187 emplois menacés
Face au déficit budgétaire du Centre hospitalier du Cotentin de Cherbourg, l’IGAS (l’Inspection générale des affaires sociales) a annoncé, notamment, la nécessité d’une suppression de 187 postes au sein de l’établissement, si celui-ci souhaitait combler ses dettes. Une nouvelle qui arrive sur fond de tensions avec les syndicats, qui avaient rappelé à la direction le manque de moyens mis en place, en février 2015 :
Nous sortons d’une réunion avec la direction, et nous avons demandé le renforcement du personnel du service des urgences et du service réanimation. Nous ne sommes pas assez nombreux. Il faut des personnes d’astreinte, qui soient payées en plus. À ce rythme, le personnel, et les patients, sont mis en danger ».
Dans un communiqué du FAFPH, en date du 17 février 2015, les syndicats avaient accusé la direction de « laissé se creuser le déficit en ne veillant pas aux codages des actes pratiqués, ni à l’instauration d’un véritable projet médical et d’un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens… ».
« C’est la ministre qui décide »
Concernant le rapport de l’IGAS, le directeur de l’établissement, Maxime Morin, a rappelé que, une fois sa publication, « il était difficile de l’ignorer », insistant sur le fait que « c’est la ministre de la Santé qui décide ». Si 187 emplois sont menacés, le directeur du centre hospitalier a également rappelé le manque d’investissements, et de renouvellement du matériel de l’établissement :
La situation est assez grave et il faut mettre en place des mesures relativement importantes. C’est pourquoi le rapport de l’IGAS permet d’y voir plus clair, et cela échappe au travail purement interne, et à la direction.
(…) Certes, le rapport indique que l’emploi est menacé, et que par conséquent, on touche à la qualité des soins. Mais, dans ce rapport, il est aussi dit que l’hôpital doit réinvestir dans son matériel de soins par exemple. S’il n’y a pas d’investissements dans un établissement de santé, cela devient compliqué au fil des années », répond le directeur sur Normandie-actu.
Un suivi au plan national
Actuellement, l’hôpital creuserait un déficit d’environ 10 à 15 millions d’euros par an (35 millions d’euros de dettes cumulées). Pour le combler, l’hôpital reçoit une aide de l’État de 15 à 16 millions d’euros.
Le directeur de l’hôpital a également annoncé que « des discussions s’ouvriraient », en accord avec les syndicats et le personnel : « Il ne s’agit pas d’appliquer le rapport stricto sensu, mais de de travailler, au cours du mois de mars, afin de préparer une feuille de route, qui nécessitera une validation de l’ARS (Agence régionale de Santé), et d’un suivi au plan national ».
Les hôpitaux en crise ?
À Caen (Calvados) également, la direction du Centre Hospitalier Universitaire avait révélé des « réelles » contraintes budgétaires, face à la situation de crise du début de mois de février 2015 : « Ils nous ont dit être conscients des difficultés, mais ont aussi indiqué que les contraintes budgétaires étaient réelles. Ce n’est pas nouveau », expliquait de son côté un militant CGT du CHU de Caen.
Au Havre, l’hôpital Jacques Monod, basé à Montivilliers (Seine-Maritime), afficherait un déficit de 135 millions d’euros, selon France 3. Ayant contracté un emprunt toxique auprès de la Banque Dexia – d’environ 35 millions – l’hôpital pourrait se voir verser des aides par l’État.
Regardez le reportage de France sur le rapport de l’IGAS :