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À Caen, des scientifiques lèvent le voile sur les mystérieux cercueils de Flers

À la faveur d’un diagnostic archéologique, réalisé en 2013, à Flers, deux sarcophages en plomb du XVIIIe siècle ont été exhumés. À Caen, des experts lèvent le voile sur ce mystère.

Les experts ont ouvert les sarcophages de Flers et découvert un squelette dans chacune des sépultures. ©INRAP.
Squelette mis au jour après l’ouverture du premier sarcophage en plomb (locaux de l’Université de Caen)© Micaël Allainguillaume, Craham

En février-mars 2013, alors qu’une équipe de l’Inrap (Institut régional de recherches archéologiques préventives) intervient, dans le cadre d’un diagnostic archéologique, à Flers (Orne), les archéologues découvrent une partie des fondations de l’église et du cimetière Saint-Germain, d’origine médiévale. Près de 200 sépultures et des éléments maçonnés de l’église sont mis au jour. Deux sépultures se démarquent de l’ensemble du cimetière par un mode d’inhumation réservé à une catégorie sociale privilégiée :

Il s’agit de deux caveaux situés vers l’autel dans lesquels ont été trouvés deux sarcophages en plomb du XVIIIe siècle. Accolé à l’un d’entre eux, un cœur en plomb a été découvert, témoin d’une pratique d’embaumement, un rituel funéraire réservé aux élites, souligne l’Inrap.

Vendredi 27 février 2015, des chercheurs du Craham, le centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales, de l’Université de Caen (Calvados) ont levé le voile sur ces mystérieux cercueils de plomb.

Deux squelettes en bon état de conservation

La fouille archéologique, conduite par Hélène Dupont, archéologue à l’Inrap et responsable du chantier, permet d’étudier, sur le plan anthropologique, un groupe d’individus inhumés dans le cimetière paroissial. Cette étude est couplée à une étude en archives destinée à retracer l’histoire de la paroisse et du cimetière. Les scientifiques de Caen concentrent toute leur attention sur les cercueils de plomb et les techniques d’embaumement de l’époque.
Mercredi 25 février 2015, les chercheurs ont procédé à l’ouverture des deux sarcophages en plomb, respectant un protocole rigoureux, répondant à des normes de sécurité élevées. Chacun des sarcophages contenait un squelette en très bon état de conservation. Les experts vont désormais procéder à des analyses, afin d’accumuler les informations sur les défunts et leur rituel d’inhumation.

Diverses analyses sont envisagées pendant ou à l’issue de la fouille : analyses de textile pour étudier l’habillement, analyses de palynologie (étude des pollens), de carpologie (étude des graines) ou de chimie organique pour caractériser les matériaux végétaux utilisés lors de l’embaumement, ou encore des analyses de parasitologie pour rechercher des informations sur l’alimentation des défunts et leur état sanitaire (maladies infectieuses, pathologie digestive), précise l’Inrap.

Une véritable enquête historique et anthropologique démarre.

Sur la piste des comtes de Flers

D’après les premières observations, les squelettes retrouvés dans les sarcophages correspondent à des individus adultes dont le crâne a été scié, trace du rituel funéraire d’embaumement dont les défunts auraient fait l’objet, confirmant qu’il s’agirait de personnalités de haut rang.

Des restes de cuir chevelu sont visibles sur l’un des individus, des restes de textiles semblent visibles sur le second. Tous ces éléments seront étudiés minutieusement, précise l’Inrap.

Parallèlement à cette approche archéologique, une étude d’archives est menée, destinée à mieux connaître la population flérienne des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces recherches devraient permettre d’émettre des hypothèses sur l’identité des deux personnes inhumées dans les sarcophages. Parmi les pistes explorées : des personnages religieux et/ou des membres de la lignée des comtes de Flers.

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Jean-Christophe Pereira est le directeur de l'association "Les Dragons vous ramènent".