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La Grèce, devenue terre de contrastes…

L’éditorial de Patrick Apel-Muller.

François qui rit, François qui pleure. Le président français, qui se réjouissait soudainement de la victoire de Syriza en Grèce, a fait place, hier, à un président engoncé, traînant les pieds. À croire qu’en coulisse Angela Merkel le surveillait, il répétait la rengaine de l’obligation du « respect des règles européennes et des engagements pris » qui devait s’imposer aux Grecs. Le « trait d’union » auquel prétend M. Hollande ressemble à des points de suspension. Contraste visible lors de la conférence de presse commune avec un Alexis Tsipras, fort du mandat de son peuple, affirmant que « tous les pays doivent travailler sur un pied d’égalité » et que, « dans la zone euro, il n’y a pas les propriétaires et des locataires ; nous sommes tous des colocataires ». Lui appelait la France à jouer un « rôle prépondérant, un rôle de garant » pour un « tournant déterminé de l’Europe vers la croissance ». Le candidat socialiste l’avait promis au Bourget ; le président converti au libéralisme et à l’austérité l’a oublié. Le coup de tonnerre d’Athènes le lui aura-t-il rappelé ? Il est à craindre qu’à le laisser œuvrer seul dans le huis clos des négociations bruxelloises, les peuples européens aient affaire à un huissier plutôt qu’à un avocat. Les mobilisations populaires contre l’austérité, de l’Espagne à la Belgique, du Portugal à l’Allemagne ou l’Irlande, seront plus sûres pour transformer l’essai grec. Cette perspective fait déjà trembler les dévots de la finance, et le Front national, qui avait fait mine de se réjouir de la victoire de Syriza, martèle désormais que la Grèce a le « devoir éthique » de rembourser sa dette, jugeant « irresponsable » l’annulation d’une partie des créances. Le parti d’extrême droite reprend sa place aux côtés des usuriers des marchés financiers et nous rappelle que la « règle d’or » – zéro déficits budgétaires et 100 % d’austérité populaire – est la boussole de son programme, revendiqué dès 2012 par Marine Le Pen. La Sainte-Alliance des nantis n’a pas tardé à faire bloc, mais rassurons-nous… elle a déjà connu des Valmy.

L'éditorial de Patrick Apel-Muller.

François qui rit, François qui pleure. Le président français, qui se réjouissait soudainement de la victoire de Syriza en Grèce, a fait place, hier, à un président engoncé, traînant les pieds. À croire qu’en coulisse Angela Merkel le surveillait, il répétait la rengaine de l’obligation du « respect des règles européennes et des engagements pris » qui devait s’imposer aux Grecs. Le « trait d’union » auquel prétend M. Hollande ressemble à des points de suspension. Contraste visible lors de la conférence de presse commune avec un Alexis Tsipras, fort du mandat de son peuple, affirmant que « tous les pays doivent travailler sur un pied d’égalité » et que, « dans la zone euro, il n’y a pas les propriétaires et des locataires ; nous sommes tous des colocataires ». Lui appelait la France à jouer un « rôle prépondérant, un rôle de garant » pour un « tournant déterminé de l’Europe vers la croissance ». Le candidat socialiste l’avait promis au Bourget ; le président converti au libéralisme et à l’austérité l’a oublié. Le coup de tonnerre d’Athènes le lui aura-t-il rappelé ? Il est à craindre qu’à le laisser œuvrer seul dans le huis clos des négociations bruxelloises, les peuples européens aient affaire à un huissier plutôt qu’à un avocat. Les mobilisations populaires contre l’austérité, de l’Espagne à la Belgique, du Portugal à l’Allemagne ou l’Irlande, seront plus sûres pour transformer l’essai grec. Cette perspective fait déjà trembler les dévots de la finance, et le Front national, qui avait fait mine de se réjouir de la victoire de Syriza, martèle désormais que la Grèce a le « devoir éthique » de rembourser sa dette, jugeant « irresponsable » l’annulation d’une partie des créances. Le parti d’extrême droite reprend sa place aux côtés des usuriers des marchés financiers et nous rappelle que la « règle d’or » – zéro déficits budgétaires et 100 % d’austérité populaire – est la boussole de son programme, revendiqué dès 2012 par Marine Le Pen. La Sainte-Alliance des nantis n’a pas tardé à faire bloc, mais rassurons-nous… elle a déjà connu des Valmy.