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Pressions sur Obama pour autoriser Keystone XL

LE MONDE | 10.01.2015  | Par Gilles Paris (Washington, correspondant)

Le dossier Keystone XL figurera au menu des discussions prévues mardi 13 janvier à la Maison Blanche entre le président Barack Obama et la nouvelle majorité républicaine du Congrès. Il est peu probable cependant que la rencontre puisse permettre un rapprochement des points de […]

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LE MONDE | | Par Gilles Paris (Washington, correspondant)

Stockage de tuyaux pour l’oléoduc Keystone XL à Gascoyne (Dakota du Nord), en novembre 2014.

Le dossier Keystone XL figurera au menu des discussions prévues mardi 13 janvier à la Maison Blanche entre le président Barack Obama et la nouvelle majorité républicaine du Congrès. Il est peu probable cependant que la rencontre puisse permettre un rapprochement des points de vue dans ce qui est devenu une bataille idéologique, comme en témoigne la volonté des républicains d’inscrire le projet d’oléoduc géant en tête de leurs priorités en dépit des réserves exprimées maintes fois par le président. Keystone XL doit permettre l’acheminement du pétrole tiré des sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta, dont l’extraction est plus polluante que le pétrole conventionnel, vers le golfe du Mexique.

Vendredi 9 janvier, les partisans du projet ont enregistré deux succès. Le premier, sans surprise, a été l’adoption par la Chambre des représentants d’un projet de loi autorisant le début des travaux. Il s’agit du dixième vote en ce sens depuis trois ans dans cette chambre contrôlée par les républicains depuis 2010. Vingt-huit démocrates (sur 188) ont apporté leur soutien au texte qui va être examiné dans les prochains jours par le Sénat. Un vote préliminaire au sein de la commission sénatoriale de l’énergie et des ressources naturelles, la veille, avait déjà permis de dégager une majorité en faveur de ce projet, avec le renfort d’une voix démocrate.

Précipiter le début des travaux

Un jugement très attendu de la Cour suprême du Nebraska a constitué le second succès des partisans de l’oléoduc. Un collectif d’environnementalistes et d’agriculteurs opposé au projet estimait que le gouverneur de l’Etat avait outrepassé ses pouvoirs en autorisant le tracé prévu pour l’oléoduc. Quatre des sept juges de la Cour suprême, qui ne se prononçait que sur ce point précis, en ont estimé ainsi, mais il fallait cinq voix pour que cette décision soit déclarée inconstitutionnelle. Par défaut, la Cour du Nebraska a donc au contraire annulé une première décision de justice gelant le tracé de Keystone XL.

« Si nous avons plus d’inondations, plus d’incendies et de sécheresses, tout cela a aussi un impact sur l’économie », estime Barack Obama

Pendant des mois, la Maison Blanche avait mis en avant la délibération du Nebraska pour critiquer les initiatives républicaines en faveur du projet. L’argument avait été une nouvelle fois avancé par le porte-parole du président, Josh Earnest, lors de son briefing quotidien du 6 janvier. A cette occasion, il avait annoncé que M. Obama opposerait son veto à toute loi dont l’objectif serait de précipiter le début des travaux sans attendre la fin d’une étude d’impacts confiée au département d’État compte tenu du fait que le projet concerne deux pays : le Canada et les États-Unis.

La décision de la Cour du Nebraska ne laisse plus au président qu’un argument pour justifier un blocage de la loi qui sera probablement adoptée dans les prochains jours par le Sénat : la nécessité de laisser le département d’État, qui attendait lui aussi de disposer du tracé définitif, apprécier quelles conséquences environnementales et économiques le projet aura pour les États-Unis. Sur ce point, M. Obama a donné un premier aperçu de ses convictions lors de la dernière conférence de presse de l’année écoulée.

Créations d’emplois limitées

Le 19 décembre, le président des États-Unis n’a pas dissimulé en effet le scepticisme que lui inspire le projet en tentant de contrer deux arguments avancés par ses défenseurs. « Ce qui est en jeu n’est pas le pétrole américain », avait-il rappelé, estimant que le projet ne bénéficierait en fait qu’à l’industrie pétrolière canadienne. Il a jugé tout d’abord que le transport de pétrole canadien vers le golfe du Mexique, au lieu d’être transporté par le rail ou par la route, n’aurait « qu’un très petit impact », sur les prix du pétrole aux États-Unis, prix qui ont par ailleurs déjà très fortement chuté au cours des six derniers mois du fait notamment de la production américaine.

S’appuyant sur un rapport intermédiaire du département d’État, il a ensuite ajouté que les créations d’emplois que provoquerait la construction de Keystone XL seraient limitées dans le temps (les deux ans prévus pour sa réalisation). Le département d’État estime que le projet ne créera qu’une cinquantaine d’emplois permanents. Toujours au cours de cette conférence de presse, M. Obama avait mis en regard ces avantages relatifs avec le risque que Keystone XL ait un impact négatif sur le réchauffement climatique, du fait des conditions particulières de production de pétrole à partir de sables bitumineux. « Si nous avons plus d’inondations, plus d’incendies, plus de sécheresses, tout cela a également un impact sur l’économie », avait-il précisé.

Il est peu probable que les majorités républicaines au Sénat et à la Chambre des représentants se montrent sensibles à ces arguments environnementalistes. Le « speaker » de la Chambre, John Boehner (Ohio) et le nouveau chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell (Kentucky) ont d’ailleurs vivement critiqué l’accord de réduction de gaz à effet de serre conclu avec la Chine en novembre 2014. Si le Congrès décide de passer outre les réticences présidentielles, il risque pourtant de ne pas être en mesure de retourner par une majorité qualifiée le veto que M. Obama a promis d’utiliser.

 

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