(fil-fax 09/01/15)
Le glas a sonné à midi au bourdon de la cathédrale de Rouen. Au même moment partout dans la région des milliers de personnes se sont figées pour une minute de silence aux portes de leurs bureaux ou de leurs usines, dans les universités, mais aussi, plus inattendu, dans des enceintes sportives. Dire que le massacre perpétré mercredi à Charlie hebdo est un choc dans la société française relève de l’euphémisme. A la différence des attentats aveugles qui tuent des inconnus, tout le monde en France savait qui étaient Cabu, Wolinski, Tignious et Charb. « C’est ma jeunesse », dit une femme de 58 ans en larmes dans le rassemblement qui a réuni entre 700 et 2.000 personnes au Havre mercredi soir devant la sous-préfecture. Le PCF à l’origine de l’appel a été rejoint par des militants et élus des autres partis, de gauche et de droite, parmi lesquels le maire Edouard Philippe (UMP) et par une foule d’anonymes.
A Rouen l’action prévue comme un rassemblement devant la mairie s’est transformé en défilé silencieux dans le centre-ville. En tête, le maire, Yvon Robert (PS), et les autres élus de gauche et de droite ceints de leur écharpe tricolore brandissaient des écriteaux où figurait simplement le nom de Charlie Hebdo. Dans le cortège le vicaire général de l’archevêque Philippe Maheut cotoyait le président du Conseil régional du culte musulman Kamal Baheddi. Appelée par les élus et les journalistes du Club de la presse, relayés massivement par les réseaux sociaux, la manifestation a réuni entre 4.000 et 7.000 personnes. D’autres rassemblements se sont tenus à Evreux, Vernon ou encore Saint-Etienne du Rouvray et Sotteville-lès-Rouen.
Partout, par de petits gestes, chacun témoigne de son émotion et de sa solidarité. On ne compte plus les « je suis Charlie » ou les « nous sommes Charlie » démultipliés à l’infini. La Société des autoroutes Paris-Normandie affiche le signe de ralliement sur ses panneaux lumineux et le HAC football sur twitter. Paris Normandie est devenu pour un jour Charlie Normandie, Havre Libre, Charlie Libre. A Evreux, le président du conseil général de l’Eure Jean Louis Destans a annulé les vœux du département prévus ce jeudi, décrété « jour de deuil national ». Au Havre, des candidats socialistes aux départementales ont annulé la présentation de leur campagne vendredi. Partout les drapeaux des administrations sont en berne. A Bernay l’attentat a une résonnance particulière : le policier chargé de la protection de Charb, Franck Brinsolaro, lui aussi tué, habitait non loin de cette localité de l’ouest de l’Eure où son épouse est rédactrice en chef de L’Eveil normand. Pour lui rendre hommage ainsi qu’aux autres victimes plusieurs dizaines de lycéens brandissant des stylos se sont rassemblés ce jeudi midi devant l’Hôtel de ville. Dans la soirée d’autres rassemblements devaient se dérouler notamment à Dieppe, Pont-Audemer et Bernay à nouveau où la venue du préfet de l’Eure est annoncée. En attendant les initiatives – qui s’annoncent massives – en préparation pour ce week-end.
Fil-Fax normandie
Les réactions
Bruno Le Maire (député UMP de l’Eure)
« Cabu, Wolinski, Charb et Tignous étaient le visage d’une certaine impertinence française à laquelle nous étions tous attachés quelques soient nos convictions politiques ».
Laurent Beauvais (président PS de la Basse-Normandie)
« L’unité nationale est (…) notre force collective (…). Nous avons besoin de nous rassembler, pour pleurer ces morts mais aussi pour montrer que nous allons poursuivre leur combat ».
Françoise Guégot (député UMP de Seine-Maritime)
« Face à la barbarie, l’union nationale est notre réponse ».
Hubert Dejean de la Bâtie (maire UDI de Sainte-Adresse)
« Nous voulons être solidaires de Charlie Hebdo mais aussi de tous les journalistes qui représentent un des piliers indispensables et indissociables de la démocratie ».