Très chère privatisation des « TER » britanniques : des tarifs 50 à 300 % plus chers que là où le réseau reste public
Ce court métrage d’animation des TUC (la CGT anglaise) met en évidence l’impact de la privatisation du rail avec des profits qui vont directement dans les poches des actionnaires du rail, pendant que des coupes sont faites dans le fonctionnement de l’entretien et de l’infrastructure, et que les tarifs augmentent trois fois plus vite que les salaires. On voit que les mécanismes mis en place en France par la SNCF devenue Société Anonyme, ressemblent étrangement à ceux de l’Angleterre, où la « macronisation » en oeuvre remplace les trains par les bus.
2015 est une année qui commence fort … avec la hausse des tarifs, en France comme en Grande-Bretagne. De l’autre côté de la Manche, les militants pour la re-nationalisation du rail étaient sur le parvis des gares pour rappeler les effets désastreux pour le porte-monnaie des usagers de la privatisation actée il y a 20 ans de cela.
Ils étaient à King’s Cross pour éclairer les Londoniens sur le scandale de la privatisation des trains de banlieue. Les militants de la campagne Action for rail (AfR) menée par le Trade Union Congress (TUC), la confédération syndicale unique britannique.
Vive la privatisation ? + 60 % de hausse des tarifs depuis 2008 !
Les syndicalistes du RMT (Syndicat majoritaire chez les cheminots), ASLEF (Syndicat des conducteurs) et TSSA étaient présents également pour dénoncer l’augmentation de 2,5 % des tarifs au 1er janvier (comme en France) .
C’est plus largement sur l’explosion des tarifs du rail depuis la privatisation que les militants syndicats tiraient la sonnette d’alarme : + 60 % en moyenne depuis 2008 seulement.
Depuis la privatisation, au début des années 1990, l’augmentation des tarifs a été trois fois supérieure à celle de l’augmentation des salaires. La Grande-Bretagne dispose désormais des tarifs les plus élevés du monde.
Action for Rail(AfR) a offert de nouveaux chiffres qui font mal, une comparaison du tarif des pass mensuels pour des trains de grande banlieue dans les principales métropoles européens, qui démonte l’argument de la privatisation garante de tarifs moins élevés.
Des tarifs 50 % plus élevés qu’en France, quatre fois plus qu’en Espagne !
En effet, AfR montre qu’un pass mensuelpour le trajet Londres-Brighton (50 km) coûte 500 €, soit 17 % du revenu mensuel moyen d’un ménage britannique.
A titre de comparaison, un pass mensuel pour Paris-Compiègne (50 km) coûterait 350 €, soit 12 % du revenu mensuel d’un ménage français. Un tarif 50 % inférieur à celui pratiqué sur le réseau régional londonien.
La comparaison est encore plus cruelle avec les autres pays d’Europe de l’ouest : les tarifs d’un Londres-Brighton sont 80 % supérieurs à ceux d’un Cologne-Aix la Chapelle (278 €), 250 % par rapport à un Civitavecchia-Rome (150 €) et 300 % plus élevés qu’un Madrid-Ségovie (125 €) !
En proportion du revenu mensuel moyen dans ces pays, si un Londres-Brighton revient à 17 % du revenu mensuel d’un ménage britannique, les trajets correspondants sus-mentionnés reviennent à 9 % d’un revenu mensuel moyen d’un ménage allemand, 6 % pour les ménages italiens et espagnols.
On comprend mieux pourquoi l’étude commanditée parle TUC l’an dernier qualifiait la privatisation du rail de « vol généralisé » au profit de grands groupes privés britanniques et de leurs actionnaires, ou même de groupes publics étrangers qui contrôlent désormais 3/4 des franchises du rail.
La SNCF française, la Deutsche Bahn allemande et la NS hollandaise sont en pôle position sur le « marché » du rail britannique.
La re-nationalisation permettrait une baisse immédiate de 18 % des tarifs
Il n’est plus à prouver que la privatisation du rail a été synonyme en Grande-Bretagne, outre les tarifs prohibitifs, d’atteintes mortelles à la sécurité, de désinvestissement dans le réseau, de retards chroniques, mais aussi de coûts supplémentaires pour le contribuable qui subventionne la dite libéralisation du secteur.
Une étude récente, conduite par l’association Transport for Quality of Life (TFQL), a révélé que la privatisation induit un coût supplémentaire de 1,3 milliard d’euros par an, en effacement de dettes, dividendes payés aux investisseurs privés et en divers coûts administratifs.
Un retour à un monopole public national pourrait, selon TFQL, de baisser immédiatement les tarifs du rail britannique de 18 %.
Il n’est pas étonnant que, selon un sondage de YouGov d’octobre 2013, deux-tiers des personnes interrogées pensent que « les compagnies du rail doivent être publiques », contre 23 % qui préfèrent la gestion par le privé.
« Les Britanniques payent les tarifs les plus élevés d’Europe pour des services de plus en plus médiocres » (RMT)
Ce vendredi 2 janvier, devant King’s Cross, la secrétaire générale du Trade Union Congress, Frances O’Grady, reconnaissait que « le coût pour les passagers de l’échec que constitue cette privatisation ne peut être ignorée. On a maintenant des trains plus lents et des tarifs plus élevés que dans les pays qui ont conservé un rail entre les mains du public ».
Mick Cash, secrétaire-général du syndicat RMT ajoutait: « Le scandale de la grande arnaque des tarifs du rail britannique continue avec des hausses bien plus élevés que la moyenne des hausses de salaire, et elle touchera ceux qui sont déjà touchés de plein fouet par l’austérité ».
« Après deux décennies de privatisation, les Britanniques payent les tarifs les plus élevés d’Europe pour voyager, en échange de piètres services : un matériel usé, des trains en sous-effectif et bondés. Les compagnies privées s’en mettent plein les poches pendant ce temps. Les hausses de tarifs d’aujourd’hui ne font qu’alimenter ce scandale ».
« Le RMT déclare qu’il faut diminuer les tarifs et qu’une propriété publique, avec un personnel revenant sous giron public, nous permettrait justement de faire cela ».